
Le leasing social comme moteur d’une mobilité électrique pour tous ?
Dans sa déclaration, le gouvernement Arizona évoquait sa volonté d’introduire une formule de leasing social. Quelques semaines plus tard, c’est la Commission européenne qui affirmait vouloir promouvoir cette solution, dans le cadre de son plan d’action en faveur de l’industrie automobile européenne. Cette initiative vise à rendre la mobilité électrique accessible aux travailleurs à revenus modestes. Pour mieux comprendre les implications d'un tel dispositif, il est instructif d'examiner l'expérience française et d'en tirer des enseignements pertinents.
« Le gouvernement examinera un mécanisme de soutien pour le leasing social (« Social Lease ») de véhicules électriques, ciblant les travailleurs dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil », peut-on lire brièvement dans l’accord de gouvernement fédéral.
Il est toutefois désormais clair que ce dossier ne constitue pas une priorité pour le cabinet en 2025. Il pourrait plutôt falloir se tourner vers la Commission européenne, qui, dans son plan d’action pour l’industrie automobile, encouragera la mise en place de dispositifs de location sociale pour les véhicules zéro émission, neufs et d’occasion, dans sa prochaine recommandation sur la précarité en matière de transport. Cette recommandation, qui sera adoptée au premier trimestre 2025, incitera les États membres à inclure de tels dispositifs dans leurs plans nationaux dans le cadre du Fonds social pour le climat, rendant ainsi les transports durables plus accessibles à tous.
« Le leasing social (et notamment les dispositifs de location ou de leasing de véhicules zéro émission destinés aux groupes vulnérables) est également couvert par les orientations sur les Plans sociaux pour le climat, adoptées par la Commission le même jour que le plan d’action industriel pour l’industrie automobile européenne », pouvait-on lire dans la session de questions-réponses de la Commission européenne.
Et tout comme la Belgique est citée en référence dans ce même plan d’action pour l’électrification des voitures de société, la France peut être un exemple en matière de leasing social. En janvier 2024, la France a lancé un programme de leasing social pour véhicules électriques, offrant des citadines à moins de 100 euros par mois et des familiales à moins de 150 euros par mois. Ce dispositif visait à accélérer la transition vers une mobilité plus verte en rendant les véhicules électriques financièrement accessibles.
Critères d'éligibilité et conditions du programme français

Pour bénéficier de ce leasing social, les conditions suivantes devaient être remplies :
- Résidence et âge : Être majeur et domicilié en France.
- Revenu : Le revenu du ménage ne devait pas dépasser 15.400 euros par an.
- Distance domicile-travail : Résider à plus de 15 km de son lieu de travail.
- Utilisation du véhicule : Utiliser sa voiture personnelle pour se rendre au travail ou parcourir plus de 8.000 km par an dans le cadre de sa profession.
- Durée du contrat : Le contrat de location devait être d'une durée minimale de trois ans.
Cette formule de leasing social ne nécessite aucun apport initial, celui-ci étant entièrement pris en charge par l'État. Cependant, les coûts d'assurance et de recharge électrique restent à la charge du locataire.
Succès et défis rencontrés
Le programme a rapidement rencontré un succès notable, avec plus de 90.000 demandes enregistrées en seulement six semaines, dépassant largement les prévisions initiales de 20.000 à 25.000 bénéficiaires. Cette forte demande a conduit à une suspension temporaire du dispositif, le temps de réévaluer les ressources nécessaires.
Chaque véhicule bénéficiait alors d'un soutien étatique de 13 000 euros. Les 50.000 commandes finalement enregistrées représentaient donc un budget d'environ 650 millions d'euros pour l'État français. Cette situation a mis en lumière la nécessité d'un ajustement budgétaire pour assurer la viabilité du programme.
Perspectives pour 2025 en France
Le gouvernement français prévoit de reconduire le leasing social au second semestre de 2025, avec une enveloppe budgétaire réduite à 300 millions d'euros. L'aide étatique par véhicule serait ainsi ramenée à 3.000 ou 4.000 euros environ. Avec cette aide sérieusement rabotée, les constructeurs ont déjà fait savoir qu’il serait compliqué de maintenir des offres de prix compétitives.
Leçons à tirer

L'expérience française offre des enseignements précieux:
- Planification budgétaire rigoureuse : Il est essentiel de prévoir une enveloppe budgétaire réaliste pour éviter les dépassements et assurer la pérennité du programme.
- Critères d'éligibilité clairs : Définir des conditions précises pour cibler efficacement les populations à revenus modestes et éviter les effets d'aubaine.
- Gestion de la demande : Anticiper une forte demande et prévoir des mécanismes d'ajustement pour répondre efficacement sans compromettre les ressources disponibles.
- Transparence et communication : Informer clairement les citoyens sur les modalités du programme, les coûts associés (assurance, recharge) et les responsabilités de chacun.
- Collaboration avec les acteurs du secteur : Impliquer les concessionnaires, les sociétés de leasing et les fournisseurs d'énergie dès la conception du programme pour assurer une mise en œuvre efficace.
- Axer sur le marché de l’occasion : Pour garantir des loyers compétitifs, sans doute est-il opportun de proposer essentiellement (voire uniquement, pourquoi pas) des voitures électriques d’occasion récentes. C’est sans doute l’une des pistes à développer pour créer un marché de la seconde main dynamique.
Written by FLEET.be