Afin de rester concurrentielles, les banques doivent suivre le mouvement de la numérisation. Des collaborations innovantes avec des acteurs fintech peuvent faire la différence. Une conversation avec Wim Eraly, directeur général KBC Corporate Banking.
Quelles évolutions remarquez-vous dans le domaine de Corporate Banking?
“Les grandes entreprises aussi sont confrontées à des évolutions et des défis numériques de taille. Les entreprises sont composées de personnes qui s’habituent de plus en plus à des solutions numériques pour tous leurs besoins, des solutions qui sont toujours disponibles et entièrement sur mesure. La nouvelle génération de chefs d’entreprise, en particulier, met la barre toujours plus haut. Cela nécessite un autre type de banquier.”
Quelle serait la meilleure réaction de KBC Corporate Banking à ce sujet?
“Avant, le métier de banquier était destiné au ‘vrais banquiers’. Ratios financiers, structures de crédit, etc. À présent, il y a aussi souvent des experts qui sont moins au courant de ces sujets mais qui s’y connaissent entre autres dans la cybersécurité, la numérisation, la durabilité en la mobilité. Dans cette évolution, nous, en tant que Corporate Banking, nous nous positionnons comme ‘partenaire commercial’ plutôt que comme partenaire financier. De plus, nous prenons tous les besoins de nos clients en compte, qu’ils soient financiers ou non financiers.”
“Nos entreprises clientes ne veulent d’ailleurs pas n’importe quels produits. Elles ont un rêve ou un problème, et recherchent donc une solution complète. La seule façon de proposer une solution intégrale est de collaborer avec d'autres partenaires, à l'intérieur et à l'extérieur du secteur financier et au-delà des frontières internationales.”
Comment cela se passe-t-il en pratique?
“Voyez par exemple l’évolution de KBC Mobile pour nos clients Particuliers. Les possibilités de cette application ont encore été étendues récemment, incluant maintenant la possibilité de payer des tickets de train et de bus ou de payer un ticket de parking. Nous transposons également ce bon exemple d’open banking à nos entreprises clientes. Les autres acteurs financiers et de fintech ne doivent pas nécessairement être des concurrents. Nous pouvons tout aussi bien unir nos forces et aider les entrepreneurs à avancer ensemble.”
“Un exemple concret est notre joint-venture récente avec Arco Information. La nouvelle entreprise Soluz.io facilitera la vie de nos clients, de la réception et la création de factures numériques jusqu’à l’envoi et l’archivage. Et ce de façon entièrement intégrée avec les systèmes de nos entreprises clientes. KBC peut également proposer le financement le plus adapté. La gestion efficace du fonds de roulement est un autre point important pour nous lors de collaborations. La professionnalisation de ce processus est cruciale pour le succès financier d’une entreprise. Dans ce domaine, nous formerons également des partenariats et proposerons des solutions.”
Comment des banques et des entreprises fintech peuvent-elles se renforcer mutuellement?
“Il s’agit d’une situation gagnant-gagnant évidente. En utilisant la dynamique et la créativité des fintechs, nous pouvons davantage accélérer notre transformation numérique. Les fintechs sont des acteurs qui détectent un besoin spécifique, élaborent une solution innovante pour ce besoin et qui veulent être les meilleurs dans ce domaine. Il s’agit souvent de plus petites entreprises, pas de banques. Elles sont donc confrontées à beaucoup moins de législations et peuvent agir très vite. Cette rapidité et créativité, ce sont des forces qui doivent profiter à nos clients.”
“Pour elles aussi, c’est une opportunité de pouvoir collaborer avec nous, parce que KBC dispose d’un vaste réseau de distribution, d’une expertise approfondie et d’équipes d’agences qui connaissent leurs clients par cœur. Et grâce à nous, elles ont également accès à une large base de clients.”
Comment sélectionnez-vous le partenaire fintech idéal?
“Nous prenons cela très au sérieux. C’est pourquoi nous avons récemment créé un département distinct au sein de KBC dédié à l’open banking et les assurances, grâce auquel nous souhaitons profiter un maximum des partenariats externes. Mais nous ne prenons pas de risques inconsidérés non plus. Dans notre activité d’entreprise, nous misons tout d’abord sur la confiance. Qu’en est-il de la stabilité d’une fintech? Et de la confidentialité des données échangées? Que se passe-t-il si quelque chose tourne mal dans la collaboration avec le client? Il s’agit de questions importantes.”
Quelle influence la nouvelle législation européenne PSD2 aura-t-elle là-dessus?
“Grâce à PSD2, les clients pourront également gérer leurs affaires bancaires depuis la plateforme d’un autre acteur et pas seulement depuis celles d’institutions financières. Le concept de “platformication” arrive donc. Prenez par exemple l’application de messagerie chinoise WeChat, il s’agit d’une plateforme d’où vous pouvez tout gérer. Lorsqu’ils doivent payer quelque chose, les Chinois utilisent automatiquement cette application.”
“Avec KBC Mobile on s’inspire de cette tendance. C’est vraiment une application tout en un. Et pour nos entreprises clientes, nous intégrerons également les nouvelles solutions dans le tableau de bord Business KBC, notre plateforme pour les grandes entreprises. Elles disposent ainsi d’un lieu où tous leurs besoins professionnels sont réunis. Cela leur permet de gagner du temps et de l’argent et de profiter d’un complément efficace 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par rapport à l’équipe en agence.”
Nous sommes donc embarqués dans un combat pour la meilleure plateforme numérique et le maintien de l’interaction avec le client. Et les solutions innovantes que nous élaborons avec d’autres partenaires, dont des fintechs, font clairement la différence.”
Wim Eraly, directeur général – KBC Corporate Banking