Notre avenir passe par des investissements dans l'utilisation durable de l'eau
Par Katelijne Haspeslagh, conseillère environnement & climat - Voka
La Flandre est confrontée à un problème structurel de sécheresse, exacerbé par le changement climatique et l'augmentation de la demande en eau. L'industrie, en tant que plus grosse utilisatrice d'eau, joue un rôle particulièrement crucial dans la gestion durable de l'eau. Les entreprises s’investissent de plus en plus dans une utilisation efficace de l'eau, sa réutilisation et les sources alternatives. Dans le même temps, la réglementation CSRD européenne impose de nouvelles obligations pour rendre la durabilité plus transparente, ce qui a également un impact sur les entreprises flamandes. Pour lutter contre la sécheresse et préserver la résilience de l'économie, une approche structurelle et collective est nécessaire. Des actions telles que le monitoring de l'eau, la réutilisation et la coopération entre entreprises peuvent faire une grande différence. Adoptez dès aujourd'hui une gestion de l’eau durable!
Après une année 2024 pluvieuse et les étés plus humides de ces dernières années, la Flandre a-t-elle oui ou non un problème de sécheresse? La Flandre connaît-elle une pénurie d'eau? Doit-elle encore craindre les étés secs? La réponse est oui, oui et encore oui.
La Flandre a une faible disponibilité en eau, bien que la région soit historiquement riche en eau. Son territoire est limité, elle compte de nombreuses surfaces pavées, est fortement industrialisée et densément peuplée. Sa demande en eau est élevée, alors que ses ressources en eau sont loin d'être inépuisables. Bien que les précipitations y soient suffisantes, elle est confrontée à des périodes de sécheresse à répétition. Le changement climatique rend en effet les printemps plus secs et les hivers plus humides. En outre, les conditions météorologiques extrêmes se multiplient. Cette situation est source d'imprévisibilité et de défis majeurs en matière de gestion de l'eau.
Les chiffres ne mentent pas. Le déficit structurel des précipitations pendant la saison de croissance (avril-septembre) des dix dernières années est en moyenne supérieur de 50 mm à celui des cent dernières années.
L'été 2022 a été tellement sec que les industries situées le long du canal Albert et du canal Gand-Terneuzen se sont même vu interdire toute prise d'eau de surface. Nul besoin d’expliquer les conséquences désastreuses que cela aurait pu avoir pour l’économie de la Flandre. Un accès facile à l'eau est essentiel au fonctionnement de nombreuses entreprises. Cela montre pourquoi il est nécessaire d'agir dès maintenant.
Pour éviter des périodes de sécheresse - aujourd'hui et demain -, la Flandre doit impérativement adopter une approche structurelle et surtout, chacun doit adopter une gestion durable de l'ensemble des ressources en eau. Cela s'applique évidemment aussi à l'industrie.
L'eau, une matière première essentielle pour l'industrie
La Flandre consomme environ 740 millions de m³ d'eau par an. L'industrie est la plus grosse consommatrice d'eau (300 millions de m³/an). Les entreprises utilisent différents types d'eaux: eau du réseau, eau de surface, eau de pluie, eau souterraine, mais aussi d'autres eaux (y compris des eaux usées). En fonction de la qualité et du volume requis, on optera pour l'une des sources d'eau susmentionnées. L'eau est une matière première essentielle pour de nombreuses entreprises. Elle est utilisée pour les boissons et les aliments, comme agent de refroidissement pour les installations énergétiques, dans le cadre du processus d'hygiène, pour réduire l'impact environnemental ou pour assurer la sécurité de certaines installations.
Les entreprises sont les plus grosses utilisatrices d'eau, mais leur consommation effective est beaucoup plus faible. Une grande partie de l'eau utilisée est à nouveau rejetée, après traitement, dans les eaux de surface ou les égouts.
L'économie flamande attache beaucoup d’importance à la disponibilité d'une quantité d'eau suffisante pour assurer la continuité des activités. Une étude du Centre flamand de connaissances sur l'eau (VLAKWA) montre qu'en Flandre, un tiers de la valeur ajoutée brute est créée par des entreprises qui ont une consommation d'eau intensive. Ces mêmes entreprises représentent 22% de l’ensemble des emplois en Flandre.
De plus en plus, les entreprises ont une gestion consciente et durable de l'eau. Dans la charte Voka de l’entrepreneuriat durable – un programme de développement durable pour les entreprises – , nous constatons que 30% des actions de développement durable menées ont trait à l'utilisation durable de l'eau. Ces actions s'appuient sur les efforts déjà réalisés par les entreprises dans le passé.
Depuis 2000, la part de l’eau souterraine captée (qui est considérée comme le stock stratégique pour prévenir la pénurie d'eau) a ainsi diminué de plus de moitié par rapport à l'utilisation totale de l'eau (à l'exclusion de l'eau de refroidissement). Mais l'efficacité totale a également augmenté, avec depuis la même période une réduction de 25% de la quantité d'eau nécessaire par produit livré. Par ailleurs, la part des "autres eaux" (par exemple l'utilisation des eaux usées) est quatre fois plus élevée qu'avant l'an 2000 (source: rapport sur l’environnement 2018).
L'entrepreneuriat durable, c'est l'avenir
Les entreprises sont clairement sur la voie d'une utilisation plus durable de l'eau. La Directive relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD) vise à rendre la durabilité plus transparente au sein de l'Union européenne et impose à quelque 50 000 entreprises européennes de rendre compte de leur politique en matière de durabilité. À partir de 2025, les plus grandes entreprises et les organisations d'intérêt public publieront les premiers rapports. Les plus grandes entreprises devront également faire rapport à partir de 2026 et les PME cotées en Bourse à partir de 2027. L'utilisation durable de l'eau sous toutes ses formes est l'un des dix thèmes sur lesquels les entreprises devront évaluer leur impact matériel et financier éventuel et, le cas échéant, elles devront indiquer comment elles intègrent leur impact, les risques et les opportunités dans leur stratégie d'entreprise.
Aujourd'hui, les obligations ne s'appliquent qu'aux grandes entreprises cotées en Bourse. Mais les petites entreprises flamandes ressentiront aussi l'impact de la CSRD. La CSRD demande aux organisations soumises à ces obligations de cartographier l'impact de l'ensemble de leur chaîne de valeur. En d'autres termes, les entreprises doivent rendre compte non seulement de leurs propres performances en matière de durabilité, mais aussi de celles de leurs clients et de leurs fournisseurs. Les fournisseurs qui travaillent de manière durable pourraient donc être avantagés. Les entreprises, petites et grandes, devront répondre à davantage de questions sur leurs indicateurs de durabilité et donc, sur les ressources en eau qu'elles utilisent et sur leur gestion durable de ces sources dans leurs processus de production.
Lorsque nous parlons d'utilisation durable de l'eau, nous entendons les 5 points suivants:
1. Mesurer, c'est savoir. Cartographier les sources d'eau utilisées dans le processus de production et contrôler leur utilisation. Le scan gratuit de la consommation d'eau de VLAIO peut vous y aider.
2. Mieux vaut prévenir que guérir. Identifier les possibilités pour votre entreprise de consommer moins d'eau ou détecter les fuites potentielles. L'automatisation des robinets est une solution.
3. La bonne eau pour la bonne qualité. Réfléchir à la qualité de l'eau dont vous avez besoin pour le contrôle optimal et efficace de vos processus. Si une eau de qualité inférieure produit le même résultat, utilisez-la: par exemple, l'eau de pluie dans les sanitaires pour remplacer l'eau du robinet.
4. Réutiliser les eaux (usées) lorsque cela est utile et nécessaire. La réutilisation des eaux usées joue ici aussi un rôle, mais elle dépend fortement d'un certain nombre de conditions préalables qui doivent être prises en compte, telles que la demande d'énergie et l'impact du rejet des eaux usées résiduelles.
5. Encourager les partenariats par des échanges d'eau avec des tiers. Ce qui est une eau usée pour une partie est une ressource utile pour une autre. Au niveau local, nous évitons ainsi d'utiliser davantage de sources d'eau primaires. Pour encourager cette démarche, les entreprises qui mettent tout ou partie de leurs eaux usées à la disposition de tiers pour une utilisation utile ne devront plus payer de redevance sur cette eau. Pour bénéficier de l'exonération, certaines conditions doivent toutefois être remplies. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet ici.
Investir aujourd'hui dans l'utilisation durable de l'eau permet donc non seulement d'économiser nos ressources primaires en eau, mais aussi de garantir la sécurité de l'approvisionnement et la continuité des activités tout au long de l'année et, potentiellement, de bénéficier d'un avantage concurrentiel. N'attendez plus! Lancez-vous dès maintenant!
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