Le virage vert est maintenant amorcé. Les entreprises belges sont dans les starting-blocks pour prendre les mesures nécessaires et saisir les opportunités de l'économie verte.
Les conséquences du réchauffement climatique
Avec les inondations sans précédent que la Wallonie a connues en 2021 et la multiplication des vagues de chaleur et des feux de forêt ces dernières années, les conséquences du réchauffement climatique se sont soudain imposées à nombre de personnes et d’entreprises. Les scientifiques mettent en garde contre les dangers des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis des décennies, mais ce n'est que maintenant que l'urgence se précise.
Le Green Deal
La Commission européenne, qui est consciente de l’urgence depuis un certain temps déjà, a lancé le Green Deal. Le Green Deal est un ensemble de mesures dont l'objectif explicite est de faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d'ici 2050. En 2030, les émissions de CO2 devraient déjà diminuer de 55% par rapport à 1990. Et pour 2040, l'Europe vise une réduction de 90%.
Le Green Deal européen est l'expression de l'ambition de l'Europe d'être un précurseur mondial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les entreprises doivent y assumer leur rôle sociétal. Il s'agit également d'une nécessité absolue d'un point de vue économique, car le climat peut avoir un impact particulièrement important sur le modèle économique et la gestion des entreprises.
Wim Eraly, directeur général Corporate Banking, KBC Belgique
Mesurer l'impact environnemental
La durabilité est depuis longtemps une préoccupation majeure des sociétés cotées en Bourse. Depuis quelques années, les investisseurs et les régulateurs les obligent à mesurer, à suivre et à rendre compte de leur impact environnemental. Les petites et moyennes entreprises ne ressentaient pas cette pression jusqu'ici, ainsi que le montre une récente enquête menée par KBC auprès de ses clients entrepreneurs. Seuls 48% d'entre eux ont déjà pris des mesures concrètes pour se durabiliser.
Il serait naïf de penser que les efforts des grandes multinationales suffiront pour faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre. Toutes les entreprises devront y contribuer. En outre, la transition durable offre également des opportunités. Il serait dommage que les PME n’en profitent pas.
Filip Ferrante, directeur Corporate Sustainability, KBC Groupe
L’urgence concerne tous les secteurs
Maintenant que le Green Deal atteint sa vitesse de croisière et que les gouvernements nationaux modifient leur législation, de plus en plus d'entreprises vont en ressentir les conséquences concrètes. ‘Le passage à une économie neutre en CO2 n'est pas une révolution, mais une évolution qui s'accélère. Les entreprises ne doivent donc pas paniquer, mais elles doivent vraiment s’y mettre dès maintenant’, selon Wim Eraly.
Vers les énergies renouvelables
Les secteurs qui émettent le plus de CO2 sont les premiers à ressentir la pression de la durabilité. Dans le secteur de l'énergie, il est désormais évident que l'extraction du charbon et du pétrole cède progressivement la place à la production d'énergie renouvelable. Mais le secteur immobilier, qui absorbe environ 40% de la consommation d'énergie en Europe, est également confronté à des défis majeurs. Et avec le passage aux véhicules électriques, le secteur de la mobilité est également confronté à un sérieux défi.
‘La transition est bien entendu plus urgente dans certains secteurs. Mais aucun n'échappe à la problématique climatique. Tous les secteurs sont concernés’, prédit Filip Ferrante.
Les risques climatiques pour les entreprises
Le réchauffement climatique engendre des risques pour les entreprises à différents niveaux.
Des risques physiques
Des risques physiques pour commencer. Les graves inondations qui ont ravagé la Wallonie ont également provoqué de nombreux dommages aux entreprises ou ont complètement stoppé leur activité. Si rien n’est fait pour contrer le réchauffement climatique, un nombre encore plus important d'entreprises pourraient subir des dommages liés aux inondations ou à d'autres catastrophes naturelles.
Des risques financiers
Les entreprises prennent également un risque financier lorsqu'elles négligent la transition vers une économie durable. ‘Des investissements seront bien entendu nécessaires pour cartographier le processus économique et par exemple réduire la consommation d'énergie’, déclare Filip Ferrante. ‘C’est non seulement bon pour l'environnement, mais c'est aussi un signe de bonne gestion financière. Car en émettant moins de CO2 aujourd'hui, une entreprise évite de devoir payer demain de lourdes taxes CO2.
’En outre, il est désormais évident que le financement d'activités nuisibles à l'environnement et aux générations futures sera de plus en plus difficile. Ainsi, KBC a récemment complètement supprimé son portefeuille de financement direct du charbon. ‘Cela montre que certains secteurs et entreprises qui n'embrassent pas le développement durable auront plus de difficultés à obtenir des financements. Ou au minimum que les coûts de financement augmenteront. Cela s'explique entre autres par le fait que les décideurs politiques utiliseront également l'instrument du capital pour stimuler la transition verte’, selon Wim Eraly.
Les institutions financières rendent ainsi compte au régulateur financier de leur ratio d'actifs verts. Ce ratio renseigne sur la part d’actifs verts d'une banque. ‘La prochaine étape consistera à imposer aux banques des exigences de capital plus strictes pour leurs actifs qui ne sont pas verts. Cela augmentera les coûts de financement pour certains secteurs et entreprises.’ Wim Eraly se montre cependant optimiste. ‘Je pense que le financement ne sera plus cher que pour une minorité d'entreprises. Nous pourrons accompagner la plupart des entreprises dans leur transition vers une activité plus durable et plus verte.’
Créer une valeur durable
Ignorer l'économie verte présente incontestablement des risques pour les entreprises. Mais selon Xavier Baeten, professor of Management Practice of Reward and Sustainability, Vlerick, les entreprises peuvent aussi aborder la problématique climatique de manière totalement différente.
Certaines entreprises considèrent encore la transition durable comme une menace. Elles y voient surtout les postes de coûts qui réduisent la valeur pour l'actionnaire. D'autres entreprises, en revanche, considèrent la durabilité comme un défi. Elles sont conscientes des problèmes sociétaux et veulent faire partie de la solution. Il s'agit pour les entreprises de se concentrer sur ce qui est vraiment important. Il est absurde d'imprimer moins de documents si l’on ignore les émissions de CO2 de la chaîne de production. En fin de compte, il convient de fixer les bonnes priorités, ce qui reste un défi de taille pour de nombreuses entreprises. Tout d'abord, le passage à une activité durable présuppose une vision différente du profit. L'objectif ultime d'une entreprise n'est pas de faire des bénéfices, mais de créer une valeur durable. Le volet financier n'en est qu'un aspect. Pour parvenir à une création de valeur durable, la dynamique de durabilité doit réellement pénétrer le cœur de l'entreprise. Et cela n’est le cas que lorsque les décisions d'investissement ne sont plus soumises au seul critère de la situation financière. Les processus internes et la production doivent également être alignés sur la vision de la durabilité. Cela signifie qu'une entreprise doit être prête à prendre des décisions dans une perspective à long terme, même si elle n'en retire aucun profit à court terme.
Xavier Baeten, professor of Management Practice of Reward and Sustainability, Vlerick
Les opportunités engendrées par la transition durable
En opérant une transition complète vers un modèle économique durable, une entreprise peut transformer les risques climatiques en opportunités. L'entreprise peut, par exemple, développer de nouveaux produits ou services ou mettre en œuvre un modèle économique d’avenir. ‘Le défi climatique contraint les entreprises à innover’, poursuit Wim Eraly. ‘Les entreprises ouvertes à l’innovation jouissent d'un avantage concurrentiel. Les autres restent à la traîne. Avec à la clé une augmentation de leurs coûts et une dépréciation de leurs actifs.’
Green is the new digital
Cette phrase établit une étroite similitude entre la transition durable et la révolution numérique. Avec le slogan ‘Green is the new digital’, Johan Thijs, CEO de KBC, se plaît à souligner l'importance de la durabilité. ‘Tout comme l'évolution numérique a donné naissance à une nouvelle économie, le train de la durabilité créera de nouvelles industries avec de nouveaux modèles économiques et des modèles de service innovants. Les entreprises qui saisiront rapidement ces autres opportunités se doteront inévitablement d’un avantage concurrentiel’, déclare Filip Ferrante.
Sous l'impulsion de la dynamique de durabilité, une toute nouvelle économie circulaire a ainsi vu le jour. Les entreprises réutilisent au maximum les matériaux, les matières résiduelles et l'énergie (comme la chaleur résiduelle) dans l’optique d’une gestion économe et durable des matières premières et de la maîtrise de leurs émissions. Cela engendre une forte demande de nouvelles technologies, de nouveaux produits et de nouveaux services pour y parvenir. Un exemple est le modèle as-a-service, où tout est service. Les entreprises jettent ainsi les bases de nouveaux revenus.
En collaboration avec les parties prenantes
Les entreprises ne sont pas seules à devoir prendre le virage du développement durable. ‘Pour leur transition durable, les entreprises ont surtout besoin d'une plus grande coopération entre les différentes parties prenantes. Cela paraît simple, mais cela demande beaucoup de temps et d'énergie.’ Le professeur Xavier Baeten cite l’exemple de certains constructeurs automobiles qui, sous l'impulsion de leurs parties prenantes, ont découvert qu'ils ne seraient plus pertinents à long terme s'ils se contentaient d’être des fabricants. Depuis lors, plusieurs d'entre eux ont fait le switch. Ils proposent désormais des solutions de mobilité, ce qui représente une approche totalement différente ouvrant de nouvelles perspectives d'avenir. ‘La plupart des entreprises n'en sont pas encore là. Elles considèrent souvent la durabilité comme une évidence. Mais la durabilité naît au cœur de l'entreprise, ce qui ressort la plupart du temps clairement de la consultation de toutes les parties prenantes. C'est alors que tombent les œillères et que place est faite à l’innovation. Et cela pourrait être l'élément déclencheur d'un changement de cap stratégique totalement novateur’, déclare Xavier Baeten.
Une telle démarche nécessite un changement de mentalité de la part des dirigeants d'entreprise. ‘Pour nouer le dialogue avec les parties prenantes, un nouveau modèle de management est nécessaire. Ce qui ne sera pas possible avec les number crunchers qui s'intéressent surtout à l'aspect financier, le deviendra avec un tout autre type de managers.’ Les PME marquent généralement déjà des points en la matière. ‘Souvent, elles n’en sont même pas conscientes’, conclut Xavier Baeten. ‘Mais comme les PME sont la plupart du temps fortement ancrées dans le tissu social, elles entretiennent souvent déjà des contacts étroits avec leurs parties prenantes. Pour les PME, il s'agit avant tout de bien structurer ces efforts envers les parties prenantes.’
Le rôle de KBC
Pour les institutions financières, la transition durable est une priorité absolue. ‘En tant que bancassureur, nous devons avoir une bonne maîtrise de nos risques et de ceux de nos parties prenantes’, indique Filip Ferrante. ‘Si certains clients prennent des risques sans perspectives d'avenir, il est de notre devoir de le leur signaler. Ce faisant, nous nous protégeons, nous protégeons l'épargne que nous gérons et nous protégeons toutes les parties prenantes qui nous font confiance.’
Vers une gamme de produits verts
Les institutions financières peuvent s’ériger en moteur de la transition durable à plusieurs niveaux. Cela commence par une offre de produits verts. ‘Mais une offre de produits verts n'est que le premier maillon de la chaîne’, remarque Wim Eraly. ‘Nous pouvons ainsi déjà sensibiliser les entreprises à l'importance d'une politique durable. Mais une entreprise ne sait pas nécessairement comment la mettre en pratique.’
C'est pourquoi KBC va encore plus loin. Les entreprises clientes peuvent déterminer leur empreinte écologique grâce à un calculateur. Pour les clients de KBC Corporate Banking, le bancassureur a également conclu un partenariat avec Encon, un bureau-conseil qui aide les entreprises à se durabiliser. Les entreprises clientes de KBC peuvent ainsi bénéficier d'une analyse et de conseils concrets.
‘Bien entendu, les institutions financières ne pourront pas résoudre seules la problématique climatique. Nous devrons travailler ensemble, avec toutes les composantes de la société. Citoyens, autorités et entreprises: nous devons tous prendre conscience de la nécessité de nous atteler dès maintenant à la problématique climatique. Nous n’avons pas d'autre choix’, conclut Filip Ferrante.
KBC souligne expressément que l'utilisation de termes tels que vert et durable sur cette page ne suggère en aucun cas que ce qui est décrit est déjà (entièrement) conforme à la taxonomie de l'UE.