La citerne d'eau est percée
L'eau... On l'appelle parfois "l'or bleu". Mais sommes-nous vraiment conscients de sa valeur? Le fait est que nous considérons tous l'eau de manière assez "insouciante", mais la réalité est tout autre... Nous avons discuté de cette problématique avec Kristine Walraevens, professeure d'hydrogéologie à l'Université de Gand, et Alex Martens, analyste sectoriel chez KBC Asset Management.
La demande d'eau dépasse l'offre
En raison de la rareté et de la surexploitation des eaux souterraines et de surface, des changements climatiques et de la forte croissance démographique, la disponibilité de l'eau est faible. La consommation d'eau est élevée partout dans le monde et elle augmente chaque année: l'agriculture représente 69% de la consommation, l'industrie 19% et les ménages 12%.
En Belgique, il pleut beaucoup; nous avons tendance à penser que l’eau y est abondante; nous sommes pourtant confrontés au même problème. Au sein de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la Flandre se classe au quatrième rang des régions où la disponibilité de l'eau est la plus faible.
Le changement climatique accroît les extrêmes et les longues périodes de sécheresse deviendront plus fréquentes. Cela nécessitera l'irrigation des cultures, avec pour corollaire une forte augmentation de la consommation d'eau.
La pénurie d'eau n'est pas seulement un problème lié au tiers monde; il y a plus d’eau disponible en Éthiopie que chez nous!
Kristine Walraevens, professeure d'hydrogéologie à l'Université de Gand.
Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme depuis un certain temps.
Le gouvernement flamand est conscient du problème. Des recherches ont montré que les nappes d’eaux souterraines sont surexploitées.
Il existe toutefois des solutions pour garantir l'équilibre des réserves en eau.
Une gestion plus durable des eaux souterraines est l'une de ces solutions. Un exemple est le projet de la société d'eau potable Aquaduin à Oostduinkerke. La nappe phréatique est alimentée artificiellement par infiltration d’eaux usées préalablement filtrées et épurées dans les dunes de sable, avant d’être pompée comme eau potable. Il s'agit d'une solution sur deux fronts: une solution au problème des eaux usées et au problème de la pénurie d'eau.
Une autre solution importante est re recourir à une modélisation de comportement des nappes comme outil de gestion. Ce modèle permet de prédire le niveau des eaux souterraines, de fixer des limites de pompage afin de préserver les réserves de l’aquifère, d'étudier différents scénarios d'abandon progressif du captage et de contrôler les processus de réapprovisionnement artificiel.
Il faut agir sur tous les fronts
La problématique de l'eau est une question que nous devons aborder ensemble si nous voulons parvenir à une solution durable. Vous et moi. Les entreprises. Les pouvoirs publics.
- En tant que particulier, vous pouvez économiser l'eau en prenant de bonnes habitudes.De petits gestes comme prendre une douche au lieu d'un bain, manger moins de viande, récupérer l'eau de pluie dans un tonneau/un puits et la réutiliser, installer des chasses d’eau et des pommeaux de douche économiques...
- Aujourd'hui, chaque entreprise est à la recherche d'alternatives - et les solutions innovantes pour le traitement de l'eau, la détection des fuites ou la gestion de l'eau, par exemple, gagnent du terrain. Elles agissent ainsi sous la pression du public, mais aussi parce qu’elles ont tout à y gagner.
- Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle en sensibilisant l'opinion publique, en assurant une gestion efficace de l'eau, en limitant les autorisations en cas de surexploitation, en ajustant la politique de tarification, en prélevant des taxes ou en accordant des subsides. Ils peuvent également donner le bon exemple dans les appels d'offres qu'ils lancent, en évitant par exemple les parkings en dur et en privilégiant les routes perméables.
Les investissements sont indispensables
Il faut procéder à de gros investissements dans différents domaines tels que la détection des fuites, les infrastructures hydrauliques, l’épuration et le recyclage de l'eau.
Voyons ce qu'en pense Alex Martens, analyste sectoriel chez KBC Asset Management:
- la demande en eau augmente; le secteur de l'eau est un secteur stratégique, hautement réglementé et essentiel pour tous;
- en général, les entreprises actives dans ce secteur occupent une bonne position de marché et détiennent un solide pouvoir de fixation des prix.
- Elles génèrent un bon flux de trésorerie et leur valorisation à long terme est bonne. De plus, ces entreprises sont généralement peu enclines à prendre des risques.
Vous voulez entendre l’avis des experts? Revoyez ici le webinaire Cera où Kristine Walraevens, professeure à l’Université de Gand, s'entretient avec Alex Martens, analyste sectoriel KBC Asset Management.
(Modératrice: Francesca Vanthielen; webinaire uniquement disponible en
néerlandais)
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Cet article est purement informatif et ne doit pas être considéré comme un conseil en investissement.