Le développement durable, un concept rentable
Les entreprises sont très attentives au développement durable – par idéalisme, certes, mais aussi par opportunisme. Car sans planète viable, plus d’entreprises! Le développement durable ne peut par ailleurs pas constituer un coût pour elles. Le développement durable influence dorénavant la politique de gestion des risques et donc, la rentabilité, des entreprises.
In kaart brengen van de risico's
Identifier et éviter les risques fait partie intégrante de la gestion des entreprises, qui se préparent de la sorte à appréhender toute une série de problèmes potentiels tout en veillant à rester viables sur la durée. Le développement durable fait depuis quelques années partie intégrante de la gestion des risques. Ne pas en tenir compte, c’est incontestablement se mettre en danger.
‘Nous parlons de risques de soutenabilité, ou risques ESG’, précise Bastijn Guns, product manager Fonds d’investissement durables et socialement responsables chez KBC Asset Management. C’est-à-dire de tous les risques Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance.’ Ces risques sont de natures très diverses, ajoute l’expert. Au risque d’atteinte à la réputation s’ajoutent les risques physiques, ceux de voir les bâtiments ou les infrastructures détruits par le réchauffement climatique.
N’oublions pas les risques de transition, inhérents à l’évolution de la législation relative au climat, aux technologies utilisées ou à la lenteur de la mise en œuvre d’une économie décarbonée. Les entreprises qui traînent la patte le payeront tôt ou tard.
Conséquences financières
Les risques se concrétiseront dans un avenir plus ou moins proche. ‘Dans une mesure qui pourrait même aller jusqu’à menacer totalement la stabilité financière de l’entreprise, avertit Bastijn Guns.
Analyser sous l'angle de la soutenabilité l'approche environnementale et sociétale des entreprises permet d'identifier des risques qui ne ressortent pas de l'examen des résultats financiers. Les producteurs de pétrole pourraient par exemple être appelés à acter des dépréciations massives sur leurs réserves de pétrole et de gaz.
Compte tenu du resserrement des législations sur les émissions de CO2, le changement climatique va coûter cher à nombre de secteurs et de sociétés. Les entreprises qui intègrent d’ores et déjà ce paramètre et prennent des mesures en ce sens, aussi modestes soient-elles, se prémunissent pour l'avenir.’
Analyser sous l'angle de la soutenabilité l'approche environnementale et sociétale des entreprises permet d'identifier des risques qui ne ressortent pas de l'examen des résultats financiers.
Bastijn Guns - Product Manager fonds d'investissement SRI
De surcroît, l’ancienne économie, polluante, sera beaucoup moins bien cotée dans le futur. Bastijn Guns: ‘La loi oblige les banques à détenir davantage de fonds propres pour faire face aux risques importants. À terme, il est très vraisemblable que les risques ESG feront partie de la liste.
Si les banques doivent détenir davantage de capitaux, les crédits accordés aux entreprises non durables seront plus onéreux. Les entreprises polluantes trouveront en outre moins facilement à se financer sur les marchés.
Enfin, la gestion des risques de soutenabilité est un impératif éthique également. C’est un devoir envers les générations futures. ‘Il nous faut veiller à ne pas vivre aux dépens des générations suivantes, mais au contraire à les soutenir, expose Bastijn Guns.
Chaque génération a droit au bien-être et à une qualité de vie digne de ce nom, sur une planète viable pour tous. La pression sociale en faveur du développement durable exercée sur les entreprises s’accentue très rapidement.’
Les entreprises qui ne tiennent pas, ou pas suffisamment, compte des risques de soutenabilité s’exposent donc à des conséquences financières qui pourraient à leur tour peser sur leur capitalisation boursière.
Des conséquences dans chaque secteur
Les conséquences de ce qui précède ne peuvent être sous-estimées. ‘Les grandes entreprises internationales ont entamé leur virage, témoigne Bastijn Guns; les autres sont conscientes du problème mais comme elles ont souvent moins de moyens, elles sont obligées de hiérarchiser les priorités. Quoi qu’il en soit, la transition économique aura bien lieu. Le processus est lancé. Soit l’entreprise y contribue, soit elle sera dépassée un jour ou l’autre.’
Car la question du développement durable aura des répercussions sur tous les secteurs. Et comme lors de tout changement, il y aura des gagnants et des perdants. ‘Les entreprises qui appliqueront une stratégie durable et qui contribueront de la sorte au développement de solutions, prospéreront, prédit Bastijn Guns, alors que celles qui ne s’adapteront pas finiront par mourir.’
Les pouvoirs publics mettent tout en œuvre pour soutenir cette transition, en accordant par exemple des subventions et des primes à la rénovation. Ils ne se contentent donc pas de rendre la législation plus contraignante.
Les entreprises qui appliqueront une stratégie durable et qui contribueront de la sorte au développement de solutions, prospéreront.
Bastijn Guns - Product Manager fonds d'investissement SRI
Aider les entreprises à opérer la transition
Les organismes financiers ont eux aussi un rôle à jouer. ‘Nous assumons notre rôle sociétal, affirme Bastijn Guns. Nous aidons notre clientèle d’entreprises à aborder la transition.’ Pour KBC, cette aide passe notamment par un processus de sensibilisation.
Pour l’heure, KBC s’enquiert auprès d’un demi-millier d’entreprises familiales flamandes de taille moyenne à grande de la manière dont elles appliquent les principes ESG et de la conscience qu’elles ont de leurs retombées.
Dans huit secteurs en particulier, dont ceux de l’énergie, de l’agriculture et du transport, KBC procède à une identification très précise des risques, sur la base de données spécifiques.
C’est du reste la raison pour laquelle le bancassureur collabore désormais avec Encon, une agence de conseil qui assiste les entreprises dans leur croissance durable.
Le développement durable, gage de croissance et de plus grande rentabilité
KBC cherche donc à aider à rendre les risques plus tangibles. Le développement durable ne peut être envisagé sous le seul angle de l’évitement des préjudices: il peut aussi contribuer à accroître la rentabilité. ‘Le développement durable peut sembler en contradiction avec le capitalisme, qui est un système économique et non pas un système purement éthique, raisonne Bastijn Guns.
Tous les critères ESG ne permettront évidemment pas aux actions de devenir plus rentables, mais cela n’empêche pas certaines activités d’être particulièrement pertinentes pour les investisseurs en titres ESG et de contribuer à accroître les rendements.
Ainsi les entreprises qui misent dans une large mesure sur le développement durable sont-elles généralement bien cotées sur le plan de la recherche et développement et semblent-elles enregistrer une croissance en moyenne plus rapide de leur valorisation et de leur rentabilité.’
Bastijn Guns évoque également l’impulsion qu’imprime la jeune génération: les millennials et la génération numérique ne veulent de plus en plus que des produits et services développés d’une façon durable. Une fois qu’ils font confiance à l’entreprise sur ce plan, leur fidélité envers le produit s’accroît et ils sont beaucoup plus susceptibles d’en faire la promotion autour d’eux. C’est ainsi que la nouvelle génération de consommateurs ouvre la voie au développement durable.
Rendement sociétal
‘Ces exemples montrent que le développement durable devient progressivement la norme, conclut Bastijn Guns. Y compris dans le domaine des investissements. Toute une nouvelle génération veut que ses investissements soient en phase avec ses valeurs, sans pour autant y perdre en termes de rendement.
Fort de ses trois décennies d’expérience ou presque dans l’investissement durable et socialement responsable, KBC estime qu’il n’existe aucune preuve selon laquelle à long terme, les fonds socialement responsables seraient moins rentables que les fonds conventionnels. Mieux encore: l’influence du développement durable sur la gestion des risques et par conséquent, sur la rentabilité des entreprises, va s’intensifier au fil du temps.’
Au rendement financier s’ajoute le rendement sociétal. En mettant sciemment la responsabilité sociétale en avant, l’investisseur émet un signal fort. Il ne peut sous-estimer l’influence qu'ont son argent et sa voix: si de plus en plus d'investisseurs bannissent les entreprises qui négligent l'environnement et la société, ces entreprises n'auront finalement d'autre choix que de rendre leur approche plus durable. L’investisseur dispose donc d’un véritable levier pour peser sur la stratégie des entreprises.
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Cet article est purement informatif et ne doit pas être considéré comme un conseil en investissement.