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Croissance des glaciers et richesse peuvent-elles aller de pair?

Les glaciers sont bien plus que de majestueuses masses de glace. Ils constituent l'épine dorsale des ressources mondiales en eau douce et représentent une ressource vitale pour notre système écologique et économique. La Journée mondiale de l'eau 2025, qui est aussi la première Journée mondiale des glaciers, offre une occasion unique de réfléchir à la valeur inestimable de ces réservoirs naturels et à l’urgence de les protéger. 

Les glaciers fondent pour nous et par nous

2,2 milliards: tel est le nombre hallucinant de personnes vivant sans accès à l'eau potable. C'est pourquoi les Nations unies ont proclamé en 1993 le 22 mars Journée mondiale de l'eau afin de réfléchir chaque année à cette date à l'importance de l'eau et à la manière dont nous pouvons tous contribuer à résoudre la problématique de l'eau. De nombreux thèmes ont déjà été abordés: l'eau et l'énergie, les eaux souterraines, l'eau et la paix,... Les glaciers sont la thématique de cette année. Un choix logique car l'importance des glaciers ne peut être sous-estimée. Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), 70% de l'eau douce est stockée sous forme de neige et de glace. Et 10% de la surface de la terre est couverte par des glaciers ou des plaques de glace. 

Si tous les glaciers et les plaques de glace fondaient, le niveau des mers augmenterait de pas moins de 6 mètres. Les dunes, les digues et les barrages-tempête seraient alors soumis à une pression catastrophique.

Anthony Sandra, portfolio manager KBC Asset Management

Un glacier est un phénomène naturel très particulier qui est toujours en mouvement. Au sommet, la cristallisation de la neige en glace entraîne la croissance du glacier. La masse de glace glisse ensuite le long de la pente ou de la montagne et des morceaux se détachent en bas, entraînant la fonte du glacier à cet endroit. Toutefois, lorsque la glace commence à fondre trop rapidement, cela peut entraîner de graves glissements de terrain et des inondations en aval. Avec la disparition des glaciers et des calottes glaciaires, moins de rayons solaires sont renvoyés, ce qui réchauffe encore plus notre planète et accélère la fonte des glaces. "Si tous les glaciers et les calottes glaciaires venaient à fondre, le niveau des mers augmenterait de pas moins de 6 mètres. Les dunes, les digues et les barrages-tempête seraient alors soumis à une pression catastrophique", explique Anthony Sandra, portfolio manager chez KBC Asset Management. "Une plus grande quantité d'eau salée s’infiltre alors dans les terres par la côte et les rivières. C'est ce qu'on appelle la salinisation. La salinisation nuit à l'approvisionnement en eau douce dont nous avons besoin pour toutes sortes de choses. Et ces "nous" sont nombreux. Parce que 2 milliards de personnes dépendent directement des eaux de fonte qui alimentent les fleuves du monde entier. Il suffit de penser aux agriculteurs qui utilisent l'eau pour irriguer leurs terres, aux industries qui se servent du fleuve comme moyen de transport, aux producteurs d'électricité qui exploitent l’énergie hydroélectrique du fleuve, aux pêcheurs qui nous fournissent en poissons d'eau douce,..."

Protéger ce qui nous est cher

Ceux d’entre vous qui ont déjà passé des vacances dans les Alpes auront peut-être fait une randonnée sur l'un des glaciers qui alimentent notamment le Rhin, le Rhône et le Danube. Un peu plus loin, des fleuves comme le Gange et l'Indus en Inde, le Mékong au Viêt Nam ou le Yangtze en Chine puisent leur eau dans l'Himalaya. Si vous retournez régulièrement dans l'une de ces régions, cela ne vous aura pas échappé: les glaciers reculent un peu plus chaque année parce que leur croissance est trop lente. C'est pourquoi l'UNESCO a protégé des zones glaciaires dans le monde entier et a ensuite installé des appareils de mesure pour suivre leur évolution. Cela permet également aux populations en aval d'être averties à temps de l'imminence d'une rupture de barrage, d'un glissement de terrain ou d'une inondation.

Certains projets pilotes ont déjà été lancés pour lutter contre la fonte des glaciers à court terme. Malheureusement, il ne s’agit là que de la partie émergée de l'iceberg. Des solutions structurelles restent nécessaires pour mieux concilier économie et écologie.

Anthony Sandra, portfolio manager KBC Asset Management

Entre-temps, des efforts sont déployés à court terme pour protéger les glaciers d'une part et pour faire face aux effets d'un dégel plus rapide d'autre part. "En Suisse, le glaciologue Matthias Huss de l'Université de Fribourg teste depuis 2018 le recouvrement du glacier du Rhône par des bâches géotextiles pendant les mois d'été", indique Anthony Sandra. "Les premiers résultats sont positifs, puisque la glace fond 50 à 70% moins vite. Malheureusement, cette solution n'est pas extensible en raison de son coût trop élevé. Couvrir les 1 000 glaciers suisses coûterait environ 1,5 milliard d'euros par an. De plus, les microplastiques présents dans le géotextile peuvent pénétrer dans l'eau potable, avec des conséquences négatives sur la santé publique."

"L'Université de Lucerne a donc adopté une approche différente en retransformant les eaux de fonte du glacier Diavolezza en neige. Elle espère ainsi imiter le cycle naturel", ajoute Anthony Sandra. "Pour les Suisses, cette protection est essentielle au maintien des domaines skiables, qui constituent une importante source de revenus. Malheureusement, pour l'Himalaya et les glaciers arctiques, ce n'est pas une option car ils sont trop hauts ou trop éloignés de la civilisation et le coût de l’opération est totalement irréaliste."

"Le reboisement des pentes montagneuses contribue également à la protection des glaciers. Les forêts sont un aspirateur naturel de CO2. Leur réseau de racines contribue à renforcer le sol et à prévenir les glissements de terrain. Pendant l'été, elles maintiennent l'humidité et la fraîcheur de l'environnement par transpiration végétale. Elles sont également une source de revenus: leur bois peut être utilisé pour diverses applications. Et les touristes qui s'y promènent ou y randonnent vont ensuite se restaurer ou réservent un hébergement chez l'habitant. Ils soutiennent ainsi l'économie locale", déclare Anthony Sandra.

Atténuer l'impact en aval

En aval, les barrages devraient être rehaussés et des lacs construits pour recueillir les eaux de fonte plus longtemps, en combinaison ou non avec une station de pompage hydroélectrique. Les rivières devraient à nouveau pouvoir faire des méandres pour augmenter leur capacité en eau.

Les côtes devraient se protéger contre l'élévation du niveau de la mer. Au niveau national, le gouvernement flamand a approuvé le projet "Kustvisie" à cette fin. Ce plan prévoit le rehaussement et l'élargissement des dunes et des digues, ainsi que le déplacement de la plage de 100 mètres en moyenne vers le large. L'espace libéré s’ouvre aux loisirs et à la nature. Le renforcement de l'infrastructure portuaire par la construction d'une entrée de port ouverte, d'un barrage-tempête ou d'une écluse à retournement est également en projet. Notre côte pourrait résister à une élévation du niveau de la mer jusqu'à 3 mètres après ces travaux. 

Vous fondez aussi pour nos glaciers?

Comment enrayer la fonte des glaciers? À long terme, cela n'est possible qu'en réduisant davantage nos émissions de gaz à effet de serre.

Anthony Sandra, portfolio manager KBC Asset Management

La transition énergétique, l'efficacité énergétique, le stockage du CO2,... sont autant de solutions pour enrayer le réchauffement climatique. "Cela offre également des opportunités aux investisseurs qui ciblent les entreprises proposant ces solutions durables et intelligentes", estime Anthony Sandra. "Pensez aux producteurs de biens d'équipement qui permettent la transition énergétique, aux producteurs d'énergie renouvelable, aux usines qui augmentent l’efficacité énergétique de leurs processus de production et qui purifient l'air des gaz à effet de serre,..."

"Comme changer de cap prend du temps, des solutions à court et à moyen terme sont nécessaires pour se protéger contre l'impact de la fonte des glaciers", fait remarquer Anthony Sandra. "Les investisseurs peuvent en profiter par l'intermédiaire de sociétés de consultance qui conseillent les gouvernements et d'autres entreprises. Ces bureaux d'études permettent d’établir un cadastre des zones où la protection contre les inondations est la plus urgente, notamment à proximité des rivières et des bandes côtières. Ils analysent également les ajustements possibles pour réduire l'impact sur les ressources en eau."

"Les données sont essentielles à cet égard. Des entreprises actives dans le domaine de la technologie satellitaire peuvent jouer un rôle. Elles peuvent notamment surveiller de vastes zones, émettre des prévisions grâce aux nouvelles données climatologiques et cartographier les zones vulnérables. Les habitants de ces régions peuvent ainsi être avertis à temps de l'imminence d'une catastrophe naturelle."

"Une fois les priorités établies, les entreprises d'infrastructure peuvent se mettre au travail pour modifier ou renforcer les digues, les barrages et les écluses, créer des zones humides et des oueds, restaurer ou planter des berges et des forêts,...", conclut Anthony Sandra.

La Journée mondiale de l'eau 2025 nous rappelle qu'il est essentiel d'agir maintenant, tant pour notre planète que pour notre portefeuille.

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Le présent article est purement informatif et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement.