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Véhicules électriques: accélération ou court-circuit pour le réseau électrique et vos investissements?

La transition vers la conduite électrique actuellement à l’œuvre nécessite de solides infrastructures de recharge. Au 1er août 2024, notre pays comptait selon Statbel 254 240 voitures 100% électriques, soit une augmentation impressionnante de 83,2% par rapport à l'année précédente. Cela engendre des défis considérables pour le réseau électrique et nécessite des investissements substantiels dans les infrastructures et les technologies. Mais cela ouvre aussi des opportunités.

Les grands changements commencent par de petits gestes

Bien que les chiffres actuels soient impressionnants, les véhicules électriques (VE) ne représentent encore qu'une faible proportion du parc automobile belge. Selon Statbel, les voitures à essence dominent avec 51,4%, suivies par les voitures diesel avec 31,8%. Les voitures électriques représentent actuellement 4,2% du nombre total de voitures en Belgique. Recharger une voiture électrique n'est en effet presque nulle part en Europe aussi cher qu'en Belgique, selon une enquête du bureau d'études Transport & Mobility Leuven. Les prix s’envolent parfois de façon spectaculaire, surtout aux bornes de recharge publiques. Ce prix de recharge élevé dissuade les particuliers d'acheter une voiture électrique.

"La part des VE devrait toutefois augmenter de manière significative dans les années à venir, grâce surtout au durcissement des normes d'émission et à l'évolution des avantages fiscaux en faveur de la voiture électrique", estime Anthony Sandra, portfolio manager chez KBC Asset Management. "Cette croissance conduira inévitablement au développement d'un réseau national de chargeurs qui se concurrenceront par les prix et la réponse à la demande et aux préférences des clients, ce qui contribuera à une plus grande acceptation des VE.”

Impact sur le réseau électrique

Des études prédisent que des villes comme Bruxelles pourraient compter jusqu'à 500 000 véhicules électriques (VE) d'ici 2050. Cette augmentation rapide met le réseau électrique sous forte pression. La recharge simultanée d'un grand nombre de véhicules peut entraîner des pics de charge, en particulier le soir, lorsque les ménages consomment davantage d'énergie. Ces pics peuvent augmenter le risque de surcharge du réseau, entraînant des baisses de tension, voire des coupures d'électricité. 

Une question que j'entends parfois dans les couloirs est de savoir si les infrastructures de recharge actuelles et le rythme d'installation des bornes de recharge pourront suivre la croissance rapide des véhicules électriques. Une préoccupation compréhensible, bien qu’en Flandre, le nombre de bornes de recharge augmente aujourd’hui plus rapidement que le nombre de VE. Il reste néanmoins conseillé d'accélérer le mouvement et de maintenir l'avance.

Anthony Sandra, portfolio manager KBC Asset Management

Pas mal de chemin déjà parcouru

"Quand quelque chose est positif, nous le signalons aussi", assure Anthony Sandra. "Les infrastructures de recharge dans l’espace public se développent à une vitesse fulgurante. Par rapport au début de l'année 2021, le nombre de bornes de recharge entièrement publiques avait plus que triplé à la fin décembre 2024, selon les chiffres du gouvernement flamand.
La grande majorité des points de recharge sont semi-publics. Au total, ces points de recharge sont aujourd'hui près de 13 fois plus nombreux qu'il y a quatre ans."

La capacité de charge dans l’espace public et sur les parkings des commerces et des entreprises en Flandre profite largement de cette croissance. "Avec le déploiement de bornes de recharge électrique rapide sur les parkings de ses magasins, la chaîne de supermarchés belge Delhaize est un bel exemple de coopération avec Electra, le spécialiste européen de la recharge rapide des véhicules électriques. Les deux entreprises offrent ainsi une solution de recharge pratique à leurs clients et aux autres conducteurs, tout en contribuant à la réduction des émissions de CO2", déclare Anthony Sandra.

Plus de deux villes et communes sur trois ont déjà atteint la capacité de charge souhaitée. La capacité de charge n'est pas exprimée en nombre de bornes, mais en équivalents de charge. Le poids d'une station spécifique se mesure à la vitesse de chargement et à l'accessibilité. L'objectif d'équivalents de charge visé par le précédent gouvernement flamand pour 2025 a été atteint durant l'été 2024.

"Il ne s'agit toutefois pas seulement d'installer davantage de bornes de recharge, mais aussi d'assurer une répartition équilibrée dans tout le pays afin d’éviter les disparités régionales", nuance Anthony Sandra. "En Flandre, le nombre de bornes augmente peut-être plus vite que le nombre de VE, mais nous sommes encore loin d’une offre excédentaire d'infrastructures et de capacités de recharge. Chaque année, environ 200 000 véhicules électriques viennent s’ajouter sur les routes belges. L'accélération sur plusieurs fronts est indiquée et nécessitera encore de nombreux investissements et ajustements supplémentaires". 

Des exemples innovants

"Des villes comme Oslo sont à l'avant-garde de l'adoption de la mobilité électrique. Avec plus de 90% des nouveaux véhicules vendus qui sont électriques, Oslo a tiré des enseignements précieux sur l'intégration des VE dans le réseau urbain", déclare Anthony Sandra. "Il est intéressant de noter que le réseau électrique d'Oslo est similaire à celui de Bruxelles, ce qui suggère qu'avec les bonnes mesures, une transition en douceur est aussi possible chez nous".

Pour nous, Oslo est un exemple typique de ce que la transition vers la conduite électrique signifie pour le réseau électrique urbain. Il nous éclaire sur les bonnes mesures à prendre chez nous. Il ne s'agit pas tant d'investissements majeurs dans les infrastructures que de guider le comportement des consommateurs et l'utilisation des technologies intelligentes.

Anthony Sandra, portfolio manager KBC Asset Management

"L'expérience d'Oslo montre que ce ne sont pas tant de gros investissements dans les infrastructures qui sont nécessaires pour équilibrer le réseau, mais plutôt l’orientation du comportement et de l'utilisation de technologies intelligentes. Les clients sensibles aux prix, par exemple, qui sont prêts à faire un petit détour pour payer moins cher, peuvent contre un tarif de recharge moins élevé être guidés vers une région ou un quartier affichant un excédent d'électricité à un moment donné ou pendant les heures creuses, entre les heures de pointe."

"La technologie intelligente ne pilote pas l'utilisateur, mais le réseau", note Anthony Sandra. "La technologie d'équilibrage de la charge, par exemple, répartit la charge entre plusieurs véhicules afin d'éviter la surchauffe du réseau électrique. Les voitures devront peut-être alors charger un peu plus longtemps, mais dans un environnement de travail où leur immobilisation se prolonge sur le même espace de stationnement, l'utilisateur est moins affecté."

"Lorsque vous dotez un réseau intelligent d'une source d'énergie renouvelable et d'une batterie, vous pouvez adapter la charge à la disponibilité de l'électricité sur votre réseau", ajoute Anthony Sandra. "De plus, vous pouvez même utiliser les fluctuations des prix sur le marché de gros à votre avantage en rechargeant votre voiture électrique et/ou votre batterie en cas d’excédent d'électricité et de prix négatifs. Et inversement.
En cas de pénurie d'électricité et de prix élevés, vous pouvez charger depuis la batterie".

"Une station de recharge bidirectionnelle est également une technologie intelligente - au prix encore élevé - qui transforme votre voiture électrique en une batterie domestique sur roues", explique Anthony Sandra. "Une telle station de recharge peut non seulement charger la batterie de votre voiture, mais aussi s’y alimenter en électricité. Cela n'a de sens que si vous
avez des panneaux solaires. Vous pouvez alors stocker l'énergie solaire excédentaire dans votre voiture pour l'utiliser ultérieurement de différentes manières. Pour alimenter votre maison, par exemple: "vehicle to home". Ou pour charger un téléphone, un ordinateur portable ou un autre véhicule: "vehicle-to-load". La technologie "vehicle-to-grid", qui consiste à réinjecter l'électricité stockée dans le réseau, peut aussi être déployée. De préférence à un moment où la demande - et donc les prix - sont plus élevés. Actuellement, peu de voitures électriques permettent la recharge bidirectionnelle".

Investissements et adaptations nécessaires

Dans le cadre de la transition énergétique, des adaptations du réseau électrique seront nécessaires. Le réseau électrique doit être renforcé et modernisé pour faire face à l'augmentation de la demande et à la variabilité de l'offre - c'est-à-dire à la volatilité de la production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie éolienne et l'énergie solaire.

Les gestionnaires de réseau veulent prévoir un tampon suffisant, car les technologies intelligentes ne sont pas toutes aussi avancées. Sibelga prévoit d'investir plus de 500 millions d'euros dans la modernisation et l'extension du réseau d'ici 2029 et Fluvius environ 4 milliards d'euros d'ici 2032 sur son territoire en Flandre. Cela passe par la pose de centaines de kilomètres de nouveaux câbles, la construction de postes de transformation supplémentaires et d'autres infrastructures essentielles. 

Sommes-nous prêts pour la révolution électrique?

Pour les seuls installateurs, McKinsey prévoit un chiffre d'affaires potentiel de plus de 240 milliards d'euros pour les infrastructures de recharge en Europe jusqu'en 2030. Cela pourrait donner un coup d’accélérateur, y compris dans les portefeuilles des investisseurs.

Anthony Sandra, portfolio manager KBC Asset Management

"Par une planification proactive des infrastructures et des investissements dans les technologies intelligentes, nous pouvons préparer le réseau électrique à l'avenir de la mobilité et pleinement exploiter les avantages des véhicules électriques sans compromettre la stabilité de notre approvisionnement en énergie. Pour les seuls installateurs, cela représente un chiffre d'affaires supplémentaire potentiel de plus de 240 milliards d'euros d'ici 2030, sans compter les fournisseurs de logiciels intelligents pour la gestion des flottes de VE, l'optimisation de la charge, les systèmes de réseaux intelligents, les entreprises de services aux collectivités qui pourront explorer de nouveaux produits, etc. Tout ceci ouvre des opportunités de booster les portefeuilles des investisseurs", conclut Anthony Sandra. 

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Le présent article est purement informatif et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement.