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Nouvelle tendance géopolitique dont l’investisseur doit tenir compte

Le monde est en quête croissante d'indépendance stratégique. Une tendance géopolitique déjà observée depuis quelque temps et qui s’est accélérée avec la COVID-19 et l'invasion russe de l'Ukraine. Ces deux crises ont révélé la fragilité des chaînes de valeur mondiales et nous ont fait réfléchir à une plus grande autosuffisance. L’investisseur se doit d'anticiper l’impact de la remondialisation sur son portefeuille.  

Nous vivons dans un monde chaotique, mais l'histoire nous enseigne que des solutions innovantes émergent toujours des moments difficiles. En tant qu'investisseur, il est important d'anticiper et de rechercher les opportunités.

Jeroen Van Boeckel, stratégiste KBC Asset Management


 

Vers une nouvelle économie mondiale?

‘La quête de l'indépendance stratégique contraste avec la vague de globalisation que nous avons observée depuis les années 1980 et qui a engendré une prospérité grandissante à l’échelle mondiale’, déclare Dirk Sebrechts, Portfolio Manager KBC Asset Management. La libre circulation des personnes, des marchandises et des services dans le monde entier a favorisé l'essor du commerce international.

La mondialisation est en ce sens une bonne chose, mais elle entame notre résistance aux catastrophes. La COVID-19 l'a clairement démontré. La fermeture soudaine des usines et des frontières a révélé la longueur et la complexité des chaînes d'approvisionnement. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a mis en évidence la dépendance occidentale au gaz russe et l'importance mondiale de l'Ukraine en tant qu'exportateur agricole. ‘Un tournant vers l'indépendance stratégique se dessine’, déclare Dirk Sebrechts.

 


 

Trois moteurs de l'indépendance stratégique


1. Un changement des rapports de forces 

‘Plusieurs facteurs poussent les grandes puissances à l'indépendance stratégique. Ils sont indissociables, l’un agissant sur l'autre. L'influence croissante des économies émergentes, en particulier de la Chine, qui remet en cause la domination des pays occidentaux, est l'un d'entre eux’, déclare Jeroen Van Boeckel, stratégiste chez KBC Asset Management. Les rapports de forces traditionnels évoluent rapidement, entraînant un conflit de valeurs et d'intérêts d'une part, et une lutte de concurrence pour l'influence, les ressources et les marchés d'autre part. ‘Depuis le 1er janvier, le club des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) s'est officiellement élargi à six pays (Argentine, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Iran, Égypte et Éthiopie) dans le but de faire davantage contrepoids à l'Occident’, indique Jeroen Van Boeckel. ‘Plusieurs de ces pays possèdent d'importantes réserves de matières premières: pétrole, gaz ou métaux tels que le lithium. Les nouveaux rapports de forces compliquent l'approvisionnement en matières premières de l'industrie occidentale.’ 


 

Le moteur géopolitique de l'indépendance stratégique repose sur le commerce comme moyen de pression. On peut carrément parler d’un repli stratégique à l’intérieur des frontières.

Dirk Sebrechts, Portfolio Manager KBC Asset Management


 


2. La complexité et l’incertitude géopolitiques

‘Nous avons été confrontés à une série de chocs et de crises: non seulement la COVID-19 ou l'invasion russe, mais aussi la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les innombrables cyberattaques, le changement climatique, les conflits régionaux, les flux migratoires, etc. Ils révèlent la vulnérabilité et l'interdépendance du système mondial et augmentent la demande de sécurité et de résilience’, explique Jeroen Van Boeckel.

Les pays et les entreprises font preuve d’une plus grande prudence dans le partage des connaissances et l'accès aux infrastructures vitales. ‘Prenons l’exemple du blocus américain qui empêche ASML de fournir sa machine de fabrication de puces la plus avancée à la Chine ou de l'interdiction pour Huawei de collaborer au réseau 5G des pays occidentaux’, explique Dirk Sebrechts.
‘La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine dure depuis bien longtemps’, ajoute Jeroen Van Boeckel. ‘Mais les tensions politiques entre les deux nations s'intensifient également. Elles sont surtout attisées par le débat autour de Taïwan. La diplomatie européenne tente de se tenir à l'écart, mais elle se voit de plus en plus contrainte de prendre parti.’ 

 

3. Une polarisation toxique 

Ces dernières années ont été marquées par une montée du nationalisme, du populisme, de l'extrémisme et du protectionnisme, tant à l'intérieur des pays qu'entre eux. Elle érode la confiance et la coopération entre les principaux acteurs sur l’échiquier mondial et nourrit la quête de souveraineté et d'identité.

Notre société est plus diversifiée que jamais. Les différences d'origines, de religions ou de cultures ou les divergences d'opinions, par exemple en ce qui concerne l’impact climatique, la mettent sous pression. ‘Des opinions divergentes devraient pouvoir coexister dans une démocratie saine, mais lorsque des personnes ayant des opinions différentes commencent à considérer les autres comme des adversaires détestés, une polarisation toxique s’installe’, déclare Dirk Sebrechts.

‘L'hypermondialisation fait des gagnants mais aussi des perdants’, déclare Jeroen Van Boeckel. ‘Pensez aux travailleurs des pays plus riches, qui ont vu leurs usines et donc leurs emplois disparaître au profit de pays à bas salaires. Ne pas y accorder assez d'attention engendre le mouvement opposé, tel que la politique commerciale de l'ancien président Trump, qui souhaitait rapatrier les emplois aux États-Unis. Le Brexit en est un autre exemple. L'immigration massive a été l'un des facteurs déterminants dans le choix du Brexit, de même que les milliards qui affluaient vers Bruxelles et les règles qui ont été instaurées en réaction. La majorité avait conclu que le Royaume-Uni se porterait mieux en dehors de l'UE.’ 


 

L'indépendance stratégique ne signifie pas nécessairement que les différents grands blocs doivent devenir complètement autosuffisants. L’enjeu consiste à trouver de nouveaux équilibres.

Jeroen Van Boeckel, stratégiste KBC Asset Management

Se réinventer offre des opportunités

‘L’homme imagine souvent le pire, mais l'histoire nous enseigne que des solutions innovantes émergent toujours des moments difficiles’, déclare Jeroen Van Boeckel. Pour relever les défis du nouveau monde multipolaire, les pays et les industries devront partiellement se réinventer. ‘L'indépendance stratégique ne signifie pas nécessairement que les différents grands blocs doivent devenir complètement autosuffisants’, déclare Jeroen Van Boeckel. ‘L’enjeu consiste à trouver de nouveaux équilibres. L’on ne peut plus se laisser aveugler par un seul goulot d'étranglement dans la chaîne de production ou un seul régime autoritaire imprévisible.’ 


 

L'indépendance stratégique passe par l'innovation et la diversification, qui à leur tour augmentent la productivité, l'efficacité et la compétitivité de l'économie mondiale.

Dirk Sebrechts, Portfolio Manager KBC Asset Management


 

  • Les progrès technologiques favorisent le re-shoring 

Les relations commerciales de demain seront différentes de celles d'aujourd'hui. ‘Si nous voulons raccourcir un certain nombre de chaînes logistiques tout en réduisant notre dépendance à l'égard de certains régimes, la production doit en partie être relocalisée en Europe’, explique Jeroen Van Boeckel. C'est ce que l’on appelle le re-shoring. ‘Ou nous devons au moins rapprocher la production de ses débouchés’, ajoute Dirk Sebrechts. ‘C'est ce que l’on appelle le near-shoring.’ Le friend-shoring est également une pratique commerciale de plus en plus répandue, les pays amis profitant alors de l'externalisation de la production.

‘L'un des principaux moteurs de la mondialisation a été la recherche de la rentabilité et donc l’offshoring de la production vers les pays à bas salaires. La numérisation et l'automatisation croissantes signifient que les coûts salariaux joueront un rôle moins important dans l’ensemble des coûts de production’, ajoute Jeroen Van Boeckel. 

 

  •  Miser sur la recherche et le développement

L'innovation est le moteur du progrès économique. La quête de l'indépendance énergétique, par exemple, a conduit à de nouveaux développements dans le domaine des sources d'énergie renouvelables. La création d'une plus grande indépendance dans le domaine des données a entraîné des révélations dans le domaine du cloud computing ou de l'intelligence artificielle. ‘Les études montrent qu'un pays ou une entreprise innovant(e) se différencie mieux, est plus compétitif(ve) et exploite mieux les nouvelles opportunités du marché’, explique Dirk Sebrechts.

‘Tout cela nous amène à la nécessité de créer de nouveaux profils sur le marché du travail’, déclare Jeroen Van Boeckel. ‘Des compétences et des qualifications spécifiques sont nécessaires dans cette nouvelle économie. Le capital humain reste important. Tout comme l’apprentissage tout au long de la vie.’ 


 

Une approche thématique de l'investissement porte ses fruits dans une nouvelle conception du monde

L'investissement thématique consiste à anticiper les développements induits par les grandes tendances macroéconomiques ou structurelles. ‘Ce qui nous distingue, c'est notre approche’, affirment Jeroen Van Boeckel et Dirk Sebrechts, ‘les stratégistes, les économistes et les analystes mettant en commun leurs connaissances et leur expertise pour parvenir à une vision forte, sur laquelle nous basons ensuite nos décisions d'investissement.’  

Dans ce contexte, nous proposons trois thèmes d'investissement: 

  • Transition et indépendance énergétiques, incluant transition et indépendance matérielles  

Le passage des combustibles fossiles aux sources d'énergie renouvelables, ainsi que le développement des systèmes de stockage et de distribution de l'énergie, offrent des opportunités aux investisseurs. Étant donné que la réussite de la transition énergétique dépend en partie de la disponibilité de matières premières rares provenant d'un petit nombre de pays (le lithium, par exemple), les matières premières et les processus de production alternatifs sont également au cœur de ce thème. 

 

  • Utilisation et sécurité des données 

Les investisseurs intéressés par la transformation numérique, l'innovation et la cybersécurité seront comblés. Pensez à la génération, au traitement et à la protection des données, ainsi qu'à l'application de l'analyse des données et de l'intelligence artificielle. 

 

  • Efficacité de la production

En plus d'assurer l’approvisionnement en matières premières et en matériaux, les innovations en matière de robotique et d'automatisation des processus sont essentielles pour stimuler la productivité. De plus en plus de travaux, tous secteurs confondus, seront effectués à l'aide de robots avancés, dans le but d'accroître la rentabilité et donc la croissance économique.  

La nouvelle tendance géopolitique de l'indépendance stratégique offre des opportunités à l’investisseur qui misera sur les thèmes adéquats.

Jeroen Van Boeckel, stratégiste KBC Asset Management

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Le présent article est purement informatif et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement.