Les Bourses à nouveau dans la tourmente!
Après la sévère correction boursière de fin 2018, rien ne semblait pouvoir briser l'élan des marchés d'actions en 2019. Ils ont remonté la pente sans discontinuer pendant quatre mois d'affilée.
À présent, l'épouvantail de la guerre commerciale a refait surface et l'indice S&P 500 a reperdu plus de 4% par rapport à son record de l'année atteint le 30 avril. Depuis la mi-avril, la Bourse chinoise a perdu plus de 10%. Comme souvent ces dernières années, un tweet du Président Trump était à l'origine de cette dégringolade. Frustré par la lenteur des négociations sur un accord commercial avec la Chine et conforté dans son analyse (très personnelle) selon laquelle l'économie américaine ne souffre guère de l'aggravation des tensions commerciales, Trump a choisi la voie de la fuite en avant.
Le relèvement des droits à l'importation sur les biens d'exportation chinois à 25% (pour une valeur de quelque 200 milliards d'USD), qui avait initialement été reporté, est entré en vigueur le vendredi 10 mai. De nouvelles taxes sont également envisagées sur les produits d'exportation chinois à destination des États-Unis (plus de 300 milliards d'USD) qui n'avaient jusqu'à présent pas été pénalisés. Le gouvernement américain formulera normalement une nouvelle proposition en ce sens le 17 mai. La Chine, loin de plier face à ces assauts tarifaires, a annoncé à son tour de nouvelles taxes à l'importation sur les produits américains. Cette évolution compromet le déroulement des négociations et tel n'est pas le scénario que les marchés escomptaient.
Ralentissement de la croissance mondiale
On peut évidemment aussi se demander si l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations est la raison ou bien la cause de la correction. A notre avis, les marchés financiers étaient murs depuis un certain temps déjà pour une correction boursière. Pourquoi?
- Le cycle économique s'est considérablement ralenti: la croissance du PIB américain, qui est restée étonnamment forte cette année, s'explique surtout par la constitution de stocks ponctuels et moins par une augmentation fondamentale des dépenses.
- Dans le reste du monde, la croissance économique reste en veilleuse, surtout dans l'industrie. Les indicateurs de confiance ont touché le fond mais tardent à rebondir et restent à un niveau assez bas.
- Partout dans le monde, les bénéfices des entreprises se sont effrités au premier trimestre. Cette érosion n'était pas tout à fait inattendue mais elle souligne, en tout cas, bien la vulnérabilité des marchés. Dans la zone euro, les bénéfices des entreprises sont d'ailleurs en baisse pour le deuxième trimestre consécutif.
En résumé, le rétablissement significatif des marchés d'actions depuis le début de l'année doit plutôt être considéré comme une réaction au recul excessif des cours fin 2018 et a été surtout accentué par l'attitude nettement plus souple des banques centrales. Songeons, par exemple, à la volte-face de la Réserve fédérale et au énième report de la normalisation des taux dans la zone euro. Pour que la hausse des cours se poursuive, il aurait fallu des fondamentaux macroéconomiques et commerciaux plus robustes. Or bien que présents, ils sont bien trop limités.
La correction sera-t-elle passagère ou les Bourses continueront-elles à dévisser?
Comme toujours, cela dépend de l'économie. Sur ce plan, nous devons éviter tout excès de pessimisme. Aux États-Unis en particulier, le cycle est en effet bien avancé et il ne faut plus espérer une croissance économique de 3% ou plus. Il serait d'ailleurs difficile de trouver une majorité parlementaire favorable à une opération de dopage fiscal, comme celle de 2018. Cependant, ne sous-estimons pas non plus la résilience de l'économie américaine. Le moteur de l'emploi tourne toujours à plein régime et, compte tenu de l'attitude plus flexible de la Réserve fédérale (lisez : risque nettement moindre d'une hausse des taux d'intérêt), ce cycle pourrait se poursuivre pendant un certain temps.
En Europe, l'économie allemande semble quelque peu se redresser après la morosité industrielle du second semestre de l'année dernière. Bien sûr, il importe que l'incertitude sur le dossier du Brexit ne s'éternise pas davantage mais les scénarios catastrophe sont pour l'instant évités. La croissance de la Chine est sans doute tout aussi importante pour l'Europe (et certainement pour l'Asie).
En Chine, les signes récents étaient déjà légèrement plus prometteurs et, compte tenu de la persistance du conflit commercial, la probabilité de mesures de relance supplémentaires par voie budgétaire ou monétaire n'a fait qu'augmenter. Blessés dans leur fierté par les techniques de négociation abruptes du président américain, les dirigeants chinois ne toléreront probablement pas que l'économie s'affaiblisse trop.
En ce qui concerne le conflit commercial lui-même, nous considérons qu'en fait, les deux parties sont condamnées à s'entendre. Les flux commerciaux mutuels sont en effet cruciaux et il ne faut pas perdre de vue non plus qu'aux États-Unis, la fièvre électorale commence à monter. La conclusion d'un accord et/ou l'élimination de l'impact négatif des sanctions chinoises sur les états agraires - capitaux sur le plan électoral - sont essentiels pour la réélection du locataire de la Maison-Blanche. Dès lors, les négociations sont toujours en cours et une rencontre entre Donald Trump et son homologue chinois figure d'ailleurs à l'ordre du jour du sommet du G-20 des 28 et 29 juin au Japon.
Les actions sont la seule alternative mais il faut se montrer prudent.
Un bref regard au-delà des turbulences actuelles permet d'entrevoir des opportunités de croissance et de hausse des bénéfices des entreprises. Pour les investisseurs, les autres solutions restent peu attrayantes. Les taux d'intérêt, bien qu'un peu plus élevés outre-Atlantique, restent tout de même à un niveau bas historique, surtout si l'on tient compte de l'inflation. Dans la zone euro, il y a belle lurette que les placements ne rapportent plus guère d'intérêts. Compte tenu de leur rendement de dividende honorable, les actions restent l'investissement le plus attrayant.
Avant toute chose, nous devons attendre que la tempête se calme. Notre stratégie d'investissement reste investie en deçà de la norme en actions mais nous nous tenons prêts à renforcer nos positions dès que le même raison, nous maintenons pour l'heure le caractère plutôt défensif du portefeuille actions et de notre sélection obligataire.
Vous n'êtes pas encore client de KBC Private Banking?
Disclaimer
Cette lettre d'information ne peut être considérée comme un conseil ou une recommandation d'investissement.