VillaVip, un foyer chaleureux pour des personnes handicapées
VillaVip est un nouveau modèle d’hébergement et de soins pour les personnes handicapées. Dans une maison contemporaine, dix résidents handicapés trouvent un nouveau foyer chaleureux. Ils y vivent avec un couple soignant qui gère la maison. Une équipe composée d’éducateurs et d’aides-soignants professionnels se charge d’assurer le fonctionnement quotidien. VillaVip a été élue “Autre organisation de soins de l’année 2019” par le secteur flamand des soins de santé.
La première VillaVip a ouvert ses portes en novembre 2017 dans un nouveau quartier situé à deux pas du centre de Herzele, en Flandre orientale. Dix résidents handicapés y partagent une maison kangourou avec Marijke et Pieter, le couple soignant. La maison avec jardin est de construction récente. Elle est équipée d’un vaste séjour avec cuisine ouverte au rez-de- chaussée. Aux deux étages, chaque résident dispose de sa propre grande chambre avec coin salon. Lorsque nous arrivons sur place à midi, il fait bon vivre dans le salon. Les résidents viennent de cuisiner sous la supervision de l’éducateur et sont prêts à se mettre à table.
Mais d’abord, ils viennent admirer le prix “Employeur de l’année dans le secteur des soins de santé” que Valérie Dujardyn a apporté avec elle. Valérie a fondé VillaVip avec son mari Michiel Maeyaert et Caroline Schelstraete.
D’où vient l’idée de la VillaVip ?
Michiel Maeyaert: “Depuis quelques années, le budget flamand pour les personnes handicapées n’est plus destiné aux établisse- ments, mais aux personnes handicapées
elles-mêmes. Ce financement personnel rend de nouvelles initiatives envisageables et viables. Les personnes qui obtiennent un budget du gouvernement flamand peuvent désormais choisir elles-mêmes leur lieu de résidence et la façon dont elles souhaitent que leurs soins soient organisés. Des initiatives sont donc prises partout en Flandre par des parents qui veulent mettre sur pied un projet pour leur fils ou leur fille. Toutefois, les choses sont extrême- ment complexes. D’une part, il y a l’habitation – l’endroit où elle doit être située, la façon dont elle doit être construite et par qui, la taille qu’elle doit avoir et l’aspect qu’elle doit présenter. D’autre part, il y a les soins. Cette prise en charge doit être organisée et garantie sur le long terme, même lorsque les parents vieillissent ou ne sont plus là. Il est très difficile d’assembler toutes les pièces du puzzle.
VillaVip offre une solution. Nous avons développé un modèle durable avec lequel nous réalisons une maison confortable et offrons à chaque résident ainsi qu’à sa famille une garantie de soins sur le long terme.”
Valérie Dujardyn: “Avec notre entreprise familiale, nous nous concentrons depuis un certain temps déjà sur l’immobilier de santé. Pour les personnes handicapées, nous avons constaté une pénurie de petites habitations où ces personnes peuvent trouver un foyer chaleureux tout en bénéficiant 24h/24 de soins de qualité.”
Michiel Maeyaert: “Nous avons associé nos connaissances en matière de construction et de financement d’immobilier de santé à celles de Caroline Schelstraete. Caroline est la fondatrice et la directrice générale de l’a.s.b.l. Kompas à Gand, une organisation qui offre un soutien à des personnes qui affichent un besoin élevé de soins. Nous avons discuté avec de nombreux parents et visité de nombreux établissements pour personnes handicapées. C’est ainsi que le concept VillaVip a pris forme.”
Quelles attentes les personnes handica- pées et leurs parents nourrissent-ils?
Michiel Maeyaert: “Les parents veulent une continuation de ce qu’ils s’offrent eux-mêmes à leur fils ou leur fille: un foyer chaleureux où leur enfant peut être lui-même. Ils ont presque tous mis en avant l’échelle réduite et le caractère accueillant.”
Valérie Dujardyn: “Une VillaVip est une maison ordinaire dans la rue, mais qui est gérée par un couple soignant qui se met entièrement à la disposition des résidents.”
Michiel Maeyaert: “Ce concept a déjà fait ses preuves notamment aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves, au Canada et en Écosse. Des personnes handicapées y vivent depuis longtemps dans des maisons gérées par des professionnels de la santé qui sont très proches et qui leur apporte de la tranquillité ainsi que de la confiance.”
Marijke, qu’est-ce qui vous a attiré dans ce modèle?
Marijke De Clercq: “J’ai travaillé pendant dix ans comme éducatrice dans le secteur des personnes handicapées. J’attendais avec impatience de pouvoir relever un nouveau défi. Je voulais offrir des soins d’une façon plus personnelle et plus chaleureuse. Je peux le faire aujourd’hui comme couple soignant d’une VillaVip. Mon mari Pieter et moi sommes au service des résidents. Nous sommes toujours à leur entière disposition, nous nous occupons du contact avec leurs familles et nous prenons en charge leur administration. Et nous organisons les soins pour les résidents en mettant sur pied et en gérant une équipe d’éducateurs et d’aides-soi- gnants. Nous assurons en permanence la présence d’un éducateur qui assure le bon fonctionnement général et qui apporte un soutien pédagogique aux résidents. Les aides-soignants sont responsables des activités et des différentes facettes de la vie quotidienne, comme la cuisine et la lessive. Pieter et moi assurons les permanences la nuit, nous sommes toujours de garde.”
Qui peut s’adresser à une VillaVip?
Michiel Maeyaert: “Nous nous adressons aux personnes qui souffrent d’un handicap mental modéré ou de multiples handicaps et qui peuvent vivre dans un cadre familial normal. Ces personnes doivent disposer d’un budget personnel pour payer les frais de soutien et de soins.”
Marijke De Clercq: “Nos résidents ont tous besoin d’un accompagnement 24h/24. Le soutien est donc beaucoup plus intensif que dans un projet d’aide à la vie autonome où les résidents vivent plus librement.”
Valérie Dujardyn: “Trois maisons ont déjà ouvert leurs portes à Herzele, Bredene et Wondelgem. Il est frappant de constater qu’il n’y a pas deux maisons identiques. Le couple soignant de Bredene, par exemple, cible surtout les jeunes résidents. L’ambiance y est donc différente de celle qui règne ici à Herzele où le groupe est beaucoup plus diversifié, y compris en termes d’âge. L’ambiance chez nous est plus calme et encore plus accueil- lante. Chaque couple soignant gère sa maison différemment.”
Une VillaVip est une maison ordinaire dans la rue, mais qui est gérée par un couple soignant qui se met entièrement à la disposition des résidents.
Valerie Dujardyn, cofondateur de VillaVip
Pouvez-vous répondre à des demandes individuelles de résidents?
Marijke De Clercq: “Nous organisons des activités de groupe, comme cuisiner ensemble ou partir en excursion. Mais nous travaillons aussi très individuellement.”
Michiel Maeyaert: “Toutes les personnes que nous accueillons doivent pouvoir vivre la vie qu’elles veulent. Il s’agit de notre principe de base. Si un résident aime danser, nous essayons de répondre le plus possible à sa demande.”
Marijke De Clercq: “Nos résidents ne se voient pas offrir la possibilité d’organiser des excursions d’une façon totalement indépen- dante. Si un résident veut aller au cinéma, par exemple, nous devons organiser cette activité. Peut-il s’y rendre en bus? Où et quand ce bus part-il? Le résident doit-il être déposé sur place
? Veut-il aller au cinéma seul ou avec un accompagnateur? Nous devons d’abord régler ces différents aspects. L’un de nos résidents aime jouer au badminton. Dans un premier temps, je dois veiller à ce qu’un membre du personnel ou un stagiaire supplémentaire l’accompagne jusqu’à ce qu’il soit capable de s’y rendre d’une façon autonome.”
Quelle importance l’emplacement d’une maison VillaVip revêt-il?
Valérie Dujardyn: “L’inclusion est primor- diale. Une VillaVip doit véritablement faire partie d’un quartier ou d’une commune.
Lorsque nous implantons les maisons, nous regardons toujours le voisinage, les possibilités d’activités durant la journée, le travail assisté dans les environs, etc.”
Michiel Maeyaert: “Le nouveau quartier à Herzele est très proche du centre de la commune et mise résolument sur les soins ainsi que sur le côté social. En plus de la VillaVip, le quartier abrite une résidence pour personnes âgées, des résidences-services, des logements sociaux et une trentaine de foyers pour jeunes familles va venir s’ajouter.”
Marijke De Clercq: “Nos premiers résidents étaient de jeunes retraités. Sur ce site, de très nombreuses activités sont organisées pour ce groupe d’âge. De cette façon, nos résidents entrent en contact avec des pairs qui ne sont pas handicapés. Ils vont au restaurant social, aujourd’hui souvent en toute indépendance, et s’y sentent comme une personne ordinaire.”
Michiel Maeyaert: “Il est touchant de voir qu’un tel projet acquiert une identité. Les habitants du quartier savent que c’est ici que vivent Marijke et Pieter en compagnie de leurs dix colocataires. La maison est véritablement soutenue par l’environnement. C’est in- croyable. Chaque jour, je suis étonné de voir à quel point les gens veulent faire partie de notre projet. C’est également le cas dans nos autres maisons. À Bredene, par exemple, le bourgmestre passe presque chaque semaine pour prendre un café. Le soutien du voisinage mais aussi des autorités locales est crucial.”
Marijke De Clercq: “Une personne non handicapée peut choisir son lieu de résidence. Mais de nombreuses personnes handicapées ne peuvent pas faire ce choix car elles sont liées à l’endroit où sont établies des infrastruc- tures souvent importantes. Chez VillaVip, elles peuvent séjourner dans la région ou la commune où elles ont toujours vécu. Quatre de nos dix résidents viennent de Herzele. Il est donc beaucoup plus facile pour la famille de venir rendre visite ou d’apporter quelque chose. De cette façon, le réseau des autres résidents s’élargit également. Quand un parent vient ici, il reçoit un baiser des dix résidents. L’une de nos résidentes fêtera bientôt ses cinquante ans. Et tout le monde aura le droit de sortir dîner avec elle car ses parents voient à quel point les autres coloca- taires sont importants pour leur fille. Ils préfèrent les inviter plutôt qu’un cousin éloigné ou une nièce éloignée. Des kinés et des infirmières passent aussi, souvent des personnes qui connaissent nos résidents depuis longtemps. Voilà comment nous attirons le monde extérieur dans la maison.”
La VillaVip à Herzele est aujourd’hui ouverte depuis un an et demi. Comment avez-vous vu évoluer les résidents?
Valérie Dujardyn: “Une chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout et qui est absolu- ment magnifique: les résidents prennent soin les uns des autres. Quand ils voient que quelqu’un d’autre rencontre des difficultés, ils s’occupent de cette personne. Ils s’entraident toujours, comme cela se produit aussi dans une situation familiale classique avec des frères et sœurs.”
Marijke De Clercq: “Les résidents s’en- traident également pour surmonter des obstacles pratiques. Un résident coupe la viande d’un autre qui est incapable de le faire, par exemple. C’est nouveau pour moi, malgré mes dix années d’expérience dans le secteur.”
Il existe aujourd’hui trois maisons VillaVip. À quoi ressemble l’avenir proche?
Michiel Maeyaert: “En été, des maisons supplémentaires ouvriront leurs portes à Wevelgem et Bruges. Après l’été, nous démarrerons la construction de trois autres maisons VillaVip à Diksmuide, Zele et Berlaar.”
Quels sont les points forts du concept? Quels sont selon vous les points à améliorer?
Michiel Maeyaert: “Chaque VillaVip concrétise l’idée de proximité, de cordialité et de chaleur. Après avoir rendu visite aux résidents et membres du personnel d’une VillaVip, je ressors toujours avec un large sourire aux lèvres et beaucoup d’énergie. Voilà pourquoi nous nous levons tôt et nous nous couchons tard tous les jours. C’est notre raison d’être. Il va de soi que chaque maison a besoin de temps pour se former. En effet, chaque VillaVip est une petite entreprise qui n’arrive pas à maturité du jour au lendemain. La sélection des couples soignants est primordiale.”
Marijke De Clercq: “Jusqu’il y a peu, la plupart des résidents vivaient encore chez leurs parents. Ils doivent donc tous trouver leur place dans le groupe et dans la maison. Ils font progressivement de cette maison leur vrai foyer. Les membres du personnel sont là pour les aider. Les éducateurs et aides-soignants se placent sur un même pied d’égalité que les résidents. Je leur demande de faire beaucoup de câlins, de demander chaque soir aux résidents s’ils peuvent faire quelque chose pour eux, etc. C’est tellement important.”
Y a-t-il parfois des tensions dans le groupe ou avec les parents?
Marijke De Clercq: “Elles sont rares. Et quand un problème se pose, nous en discu- tons très rapidement avec la famille pour trouver une solution.”
Michiel Maeyaert: “Les qualités du couple soignant sont essentielles. Marijke et Pieter parviennent à résoudre ou à prévenir très facilement d’éventuelles sources de conflit.”
Marijke De Clercq: “La composition du groupe doit être soigneusement examinée. Cette situation n’est pas forcément liée à l’âge, mais plutôt au caractère et au niveau mental des résidents. Il est important qu’ils puissent former un groupe soudé et qu’au- cune frustration ne puisse apparaître.”
Que signifie le prix “Autre organisation de soins de l’année 2019” pour VillaVip?
Michiel Maeyaert: “Il s’agit d’une belle reconnaissance de personnes issues du secteur des soins de santé. Ce prix démontre qu’un modèle de soins innovant vous permet de faire la différence pour les personnes handicapées.”
Valérie Dujardyn: “Notre travail est devenu notre vie. Nous renonçons à une grande partie de notre vie sociale et familiale pour nous consacrer à nos résidents. Cette reconnais- sance fait donc plaisir. Et j’espère que le prix ouvrira également de nouvelles portes.”
Marijke De Clercq: “Ce prix est formidable. Mais pour moi, le rapport de l’Inspection des Soins était encore plus important. En no- vembre, un inspecteur a examiné attentive- ment l’ensemble de nos activités et nous avons obtenu une excellente évaluation. Il s’agit de la confirmation que nous sommes sur la bonne voie.”
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