Artistes NextGen: le talent, mais pas seulement
Le marché de l'art NextGen – les talents émergents de moins de 45 ans – reste un segment passionnant du monde de l'art contemporain. Récemment, ArtTactic a publié son NextGen Artist Monitor, dans lequel l'entreprise partage ses projections pour 2024. Les ventes aux enchères de printemps sont à présent terminées et nous pouvons faire une première confrontation des indicateurs à la réalité du marché.
Pour faire des projections, il est important de revenir sur 2023. Les chiffres montrent une situation contrastée. D'une part, les ventes chutent de près de 44%, mais, on constate d'autre part une augmentation de près de 17% du nombre de lots proposés. L’interprétation nuancée de ces chiffres tient aux artistes plus jeunes et plus abordables.
Les femmes artistes restent très prisées
Lynette Yiadom-Boakye, Jadé Fadojutimi, Nijdeka Ankunyili Crosby, Flora Yuknovich, Loie Hollowell et Caroline Walker peuvent compter sur une place dans le top 10 du classement des artistes NextGen suscitant la confiance la plus élevée à court terme (12 mois). Les London Evening sales de Sotheby's, Christie's et Phillips confirment les positions des deux premières artistes citées.
En 2023, c'est toutefois l'artiste roumain Adrian Ghenie qui rafle la mise, 12,6 millions USD, lors des ventes aux enchères. Adrian Ghenie est représenté par six galeries de premier plan réparties en 18 lieux différents. Une coïncidence? Outre un talent incontestable, une représentation solide dans le monde de l'art commercial revêt semble-t-il une grande importance. Gagosian, Pace Gallery, Almine Rech, David Zwirner restent en bonne place au niveau international.
Toujours dans les ventes aux enchères de mars, Adrian Ghenie figure dans le top 10 des Wet Paints, ces œuvres d'art vendues dans les trois ans suivant leur achèvement. Des œuvres d'art dont la peinture (à l’huile) n'a pas encore eu le temps de sécher.
Une reconnaissance institutionnelle
Par ailleurs, le monde des musées doit aussi suffisamment apprécier l'artiste NextGen. Les chiffres jouent ici un rôle moins important que la notoriété de l'institut. En 2023, par exemple, Lynette Yiadom-Boakye a pu inaugurer une exposition solo au prestigieux musée Guggenheim de Bilbao, en plus des cinq autres expositions auxquelles elle a participé cette année-là.
En outre, la participation à des biennales, et pas seulement aux plus célèbres d'entre elles en Italie, rehausse le CV des artistes. Entre 2010 et 2023, outre l'édition de Venise, la Biennale de Prague, la Whitney Biennal et la Biennale de Gwangju en Corée du Sud s’imposent comme de solides alternatives.
Des incubateurs d’artistes
Selon le rapport, les instituts académiques américains et britanniques réussissent tout particulièrement à former des artistes de haut niveau. La liste est complétée par la Yale University of Art, la Skowhegan School of Painting and Sculpture et le Royal College of Art. Titus Kaphar, Avery Singer, Caroline Walker, Robert Nava et bien d'autres y ont été formés pour entrer dans le monde concurrentiel de l'art. 74% des artistes NextGen ont un master en poche. La cause et/ou la conséquence de ces formations populaires est que 59% des artistes NextGen travaillent et vivent outre-Atlantique.
Ces jeunes artistes ont donc beaucoup d'atouts pour conquérir le monde de l'art, mais l'avenir nous dira s'ils pourront résister à l'inconstance qui caractérise aussi le marché de l'art.