Le monde en images: un bon départ est une demi-victoire...
Dans notre lettre d'information précédente, nous avions confié les prévisions boursières 2025 au robot de recherche de Google: une année 2025 prometteuse attendait les marchés d'actions. Il est encore beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions, mais un bon départ n’est-il pas une demi-victoire? La Bourse aime aussi les proverbes, surtout lorsqu’ils sont teintés d’optimisme. ‘As January goes, so goes the year’ peut-on lire sur un mur de Wall Street. Il existerait en effet une corrélation entre le premier mois boursier et le reste de l'année. Dans 80% des cas, un bon mois de janvier augure une belle année boursière. En revanche, un mauvais mois boursier ne semble pas être un indicateur fiable d'une piètre année boursière. L'année a en effet souvent clôturé dans le vert après un mois de janvier médiocre. Nous voilà donc rassurés.
Que dire de janvier 2025? Incroyable mais vrai, notre vieille Europe est en tête pour l'instant. La Bourse américaine est également dans le vert, mais il y a longtemps que l'Europe n'avait plus donné le ton. Les marchés boursiers européens ont surtout été tirés par la baisse des taux d'intérêt, les bénéfices publiés somme toute honorables et l'espoir que la menace Trump serait moins grave que prévu. L'Europe compte également beaucoup moins d'entreprises technologiques, ce qui a été un atout le mois dernier. Nous y reviendrons plus tard. Le mois de janvier a donc été bon, même si la suite s'annonce un peu plus mouvementée. La volatilité du marché sous Trump II était totalement prévisible. Il aura fallu attendre: 14 jours pour être précis.
Début février, Donald Trump, estimant que cela avait assez duré, a mis certaines de ses menaces à exécution. Durant les deux premières semaines de son mandat, il aura fait beaucoup de bruit pour rien. Les marchés boursiers sont restés stoïques face à ses déclarations-choc. Les marchés ont supposé que l'Europe en tout cas s’en sortirait bien. Mais celui qui ne veut pas écouter doit ressentir est l'un des proverbes préférés de Donald Trump.
À la clôture de la rédaction, le nouveau président ne ciblait que la Chine avec un tarif douanier de 10%. Les bonnes relations entre Donald Trump et Xi Jinping sont déjà mises à l'épreuve. Le Canada et la Chine ne se laissent toutefois pas impressionner et ont aussitôt annoncé des mesures de rétorsion. Le Mexique et le Canada échappent provisoirement (un mois) aux sanctions après avoir fait quelques concessions. Hausser le ton a payé dans ce cas. De son côté, l'Europe retient son souffle.
Quelles sont les conséquences aujourd'hui? Nos économistes KBC tablent sur une croissance plus faible et des prix plus élevés (soit l'inflation) aux États-Unis, et les pays voisins, le Canada et le Mexique, pourraient tomber en récession. Une hausse des prix et donc le retour de l'inflation se profileraient-ils aux États-Unis? Il serait intéressant de savoir ce que les électeurs de Donald Trump vont en penser. En outre, la croissance mondiale sera mise sous pression. Le dollar américain sort gagnant de toute cette agitation. La parité (1 euro = 1 dollar) n'est plus si éloignée à court terme.
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Mais revenons un instant au mois de janvier. Bien qu’il ait été favorable dans l'ensemble, janvier 2025 restera surtout dans les mémoires pour l'agitation autour de DeepSeek. L'optimisme IA qui a donné un élan sans précédent au secteur technologique en 2024, avec les 7 Magnifiques en tête, a été mis à mal par une entreprise chinoise jusque-là assez obscure. Nvidia s’est retrouvé dans l'œil du cyclone. Cela ne pouvait pas être vrai! Ces puces coûteuses ne seraient absolument pas nécessaires. Bien entendu, chaque inconvénient a son avantage. Un univers IA beaucoup moins cher et plus accessible est un désastre pour les fabricants de puces, mais serait un atout pour de nombreux utilisateurs. La nervosité ne s'est toutefois pas limitée aux entreprises technologiques. Les opérateurs de centres de données, les entreprises de production d'électricité, les fabricants de câbles de données,... ont aussi essuyé les tirs. La suite est encore imprécise et toute cette histoire générera régulièrement nervosité et volatilité sur le marché. Il s'avère aujourd'hui que la Silicon Valley connaissait les activités de DeepSeek. Tout ce qui vient de Chine est scruté à la loupe et la question clé est maintenant de savoir si DeepSeek est aussi bon marché, aussi puissant et aussi performant qu'on le prétend. Une nouvelle technologie a souvent des hauts et des bas. Et il n’en va pas différemment aujourd'hui.
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Les analystes se sont empressés d'invoquer le paradoxe de Jevons datant de 1865. En économie, le paradoxe de Jevons suggère que lorsque les progrès technologiques rendent l'utilisation d'une ressource plus efficace, réduisant ainsi la quantité nécessaire pour une application unique, à mesure que le coût d'utilisation de la ressource diminue, la demande totale augmente, de sorte que la consommation totale de la ressource augmente. Il y a donc encore de l'espoir pour le secteur technologique en 2025.
L'économie américaine poursuit sa croissance, l'Europe déçoit
En termes de données économiques, on retiendra surtout que l'économie américaine a progressé de "seulement" 2,3% en base annuelle au quatrième trimestre 2024, soit sa croissance la plus lente depuis trois trimestres. Une croissance qui était attendue à 2,6%. La consommation personnelle (+4,2%) reste un moteur important. Sur l'ensemble de l'année 2024, l'économie américaine a progressé de 2,8%. En Europe, la croissance a encore été un peu plus atone l’an dernier. Sans contraction ni croissance, le trimestre précédent est ainsi le plus faible de l'année. La croissance annuelle s’établit donc à 0,9% à peine. Et la situation ne s'annonce guère plus brillante en 2025. La prévision précédente de 1,1% n’a déjà plus cours. Les nouveaux chiffres annoncent une croissance de 0,3% cette année.
Misère
Il existe aussi un indice de misère.
Les prophètes de malheur annoncent à nouveau des temps difficiles pour l'humanité: guerre (commerciale), chômage, récessions,... L'indice de misère, qui a été créé dans les années 1960 par l'économiste américain Arthur Okun, tente de mesurer le bien-être économique. Il est égal à la somme du taux d'inflation et du taux de chômage; même s’il a connu de nombreuses déclinaisons au fil des ans. Le graphique ci-dessous représente l'indice de misère "pur": chômage plus inflation. En ce qui concerne l'évolution des 20 dernières années, nous constatons surtout les pics qui ont suivi la crise bancaire et ses conséquences. Il y a bien entendu eu le pic du coronavirus et, récemment, le pic d'inflation qui a pesé lourd, surtout en Europe. Ces dernières années, le chômage s’est maintenu à des niveaux relativement bas tant aux États-Unis qu’en Europe, dans une perspective historique en tout cas. Le graphique montre selon nous la formation d'un plancher ces derniers mois. Faut-il dès lors s’attendre à une aggravation de la misère?
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Fixed income
Les marchés obligataires ont pu reprendre leur souffle en janvier.
L’année nouvelle a bien commencé pour les marchés obligataires, ceux-ci s'étant détendus après les hausses de taux de décembre. Mais si une chose est devenue évidente, c'est que la volatilité est plus présente que jamais et que les décisions politiques sont complètement différentes de part et d’autre de l’Atlantique.
La Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses principaux taux d'intérêt de 25 points de base en janvier 2025. La baisse des taux visait à stimuler la faible croissance économique de la région et à résister à la menace d'une éventuelle guerre commerciale. La BCE a indiqué que de nouvelles baisses de taux d'intérêt étaient possibles dans les mois à venir, en fonction de l'évolution de la situation économique.
Dans la zone euro, trois baisses de taux sont encore attendues pour l’instant.
La Réserve fédérale a en revanche laissé ses taux d'intérêt inchangés en janvier 2025. Malgré la croissance économique et la pression inflationniste persistante, la Fed a opté pour une attitude attentiste, compte tenu des incertitudes économiques mondiales et de l'impact des nouvelles barrières commerciales annoncées par le gouvernement américain.
Pour le reste de l'année, une à deux baisses de taux d'intérêt au maximum sont encore attendues aux États-Unis.
L'écart de crédit sur les obligations d'entreprises européennes investment grade "sûres" a continué de se resserrer en janvier. Le marché continue de croire à une croissance économique saine malgré les drames électoraux qui se profilent, notamment en Allemagne. Nous observons un scénario similaire pour les obligations d'entreprises plus risquées.
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Dans l'ensemble, les mouvements de devises en janvier ont été influencés par l'escalade des tensions commerciales, les décisions politiques des banques centrales et les développements économiques. Le dollar s'est renforcé par rapport à la plupart des grandes monnaies grâce à des indicateurs économiques robustes. Mais son attrait de valeur refuge a également été renforcé par les incertitudes commerciales. La parité est donc en passe d'être atteinte. La menace d'une guerre commerciale a entraîné un affaiblissement de la plupart des monnaies asiatiques par rapport au dollar.
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Stratégie d'investissement KBC
Nous restons globalement sceptiques à l’égard des actions cycliques, mais à la lumière des récentes baisses de taux d’intérêt et de celles qui sont encore à prévoir, nous avons placé quelques accents. Si la prudence reste de mise à l’égard des entreprises industrielles, nous sommes aujourd’hui plus optimistes pour les matières premières, car elles peuvent profiter de la baisse des taux d’intérêt qui ne manquera pas d’alimenter la demande de matériaux de construction. Nous sommes neutres à l’égard de la consommation discrétionnaire, alors que nous avons totalement réduit le secteur du luxe européen. Le secteur automobile ne nous séduit pas, mais il est dominé par Tesla, une valeur volatile sur laquelle nous avons un positionnement neutre.
Actions défensives: Sur le plan sectoriel, nous privilégions les produits ménagers et d’hygiène personnelle (dans les biens de consommation de base) d’une part, et la santé d’autre part. Dans la santé, nous sommes positifs non seulement sur les entreprises pharmaceutiques traditionnelles, mais aussi sur les technologies médicales. Notre position à l’égard des services aux collectivités est neutre à l’heure actuelle. Nous sommes négatifs à l’égard de l'alimentation et des boissons maintenant que les résultats déçoivent quelque peu. Dans l’ensemble, notre opinion du secteur des valeurs défensives au sens large est, compte tenu de la vigueur persistante de l’économie américaine – où le marché du travail et le secteur des services, en particulier, continuent à bien se porter –, devenue plus neutre.
Actions financières: Nous sommes positifs sur le secteur financier. Et ce, qu’il s’agisse des compagnies d’assurances ou des banques. Les marges d’intérêts restent élevées, un effet que l’évolution attendue de la courbe des taux renforcera encore dans les mois qui viennent. Au sein du secteur, nous maintenons notre surpondération des banques américaines, des gestionnaires d'actifs et des prestataires de services de paiement.
Immobilier: Après avoir traversé une période difficile, l’immobilier devrait pouvoir profiter de la baisse des taux. Les banques centrales semblent prêtes à réduire leurs taux directeurs lors de leurs prochaines réunions. Néanmoins, les taux d'intérêt à long terme restent assez élevés, ce qui pèse encore sur le coût du financement dans ce secteur essentiellement américain. En raison de l'accent américain dans le secteur, nous maintenons notre avis neutre.
Technologie: Nous sommes positifs pour le secteur technologique. Nous restons optimistes en ce qui concerne les logiciels et les médias et prudents à l’égard du matériel informatique. Dans la saga DeepSeek actuelle, nous préférons jouer la carte de la sécurité et ramenons les semi-conducteurs à une position neutre, tout en nous montrant un peu plus prudents à l’égard de Nvidia
Positionnement sectoriel dans la stratégie
Depuis la victoire de Donald Trump, nous maintenons quelques priorités géographiques marquées, largement inspirées par les choix politiques attendus de son administration. Son discours America first est on ne peut plus clair. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui optimistes, tant pour les grandes que pour les petites capitalisations américaines. Les réductions d'impôts annoncées devraient soutenir les résultats des entreprises américaines et la politique protectionniste (entre autres les droits de douane) devrait profiter aux producteurs locaux - que l'on retrouve principalement parmi les petites entreprises. Compte tenu des ventes et des résultats solides, combinés à une faible valorisation, nous relevons notre position dans les biens de consommation durables. Notre allocation dans la zone euro est donc neutre.
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Une stratégie d'investissement sur mesure.
Que se passe-t-il à l'échelle mondiale? Et quelles sont les conséquences pour les marchés financiers? Dans la Stratégie d’investissement KBC, nous développons nos perspectives géographiques, sectorielles et thématiques.
Des questions?
Votre private banker ou wealth manager se fera un plaisir de vous aider.
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