La faillite de SVB et de Signature Bank suscite la méfiance des investisseurs
- La faillite de 3 petites banques américaines fait basculer les marchés en mode risk-off.
- La mise en liquidation rapide de SVB et de Signature Bank et l'élargissement du système de garantie des dépôts montrent la détermination de la FDIC, l'autorité de régulation, et de la Réserve fédérale à limiter le risque systémique.
- Jusqu’ici, il n’est pas question d’inverser la politique restrictive des banques centrales alors que l'économie américaine semble rester vigoureuse et que l'inflation diminue plus lentement qu’espéré.
- La prudence reste de mise dans les portefeuilles, mais la panique est mauvaise conseillère.
Trois petites banques en liquidation
Alors que rien ne le laissait encore présager il y a une semaine, nous voilà aujourd'hui replongés dans les premiers jours de la crise financière de 2008. L’explication réside dans la mise en liquidation de trois banques relativement modestes, Silicon Valley Bank (SVB), Signature Bank et Silvergate, occupant respectivement la 16e, la 29e et la 128e place dans le classement des banques américaines en fonction de leurs actifs. En tant que la plus grande de ces trois banques, avec quelque 200 milliards d'actifs, SVB pouvait même encore se targuer récemment de figurer sur la liste des meilleures banques américaines établie par Forbes. SVB s'était forgé une bonne réputation en tant que banque de niche comptant surtout des entreprises technologiques parmi ses clients. Comment les choses ont-elles pu déraper aussi rapidement?
Tout a commencé mercredi dernier, lorsqu'il est apparu clairement que SVB pouvait avoir des problèmes de capital et de liquidités. Le fait que la cryptobanque Silvergate, beaucoup plus petite, ait également dû jeter l'éponge un peu plus tôt n'a rien arrangé. SVB a encore pris plusieurs mesures pour rétablir la confiance, telles que la quête de nouveaux capitaux et la vente d'une grande partie de son portefeuille obligataire, mais celles-ci sont arrivées trop tard. Au contraire, la vente d'obligations d'État américaines, qu'elle avait achetées à de faibles taux et qu'elle a dû revendre avec de lourdes pertes en raison de l’envolée des taux, n'a fait qu'aggraver le problème. Jeudi, plusieurs fonds spéculatifs ont conseillé non seulement de vendre l’action, mais aussi de retirer les dépôts de la banque. À l'ère du numérique et de la vitesse, les ruées bancaires ont bien changé: en 24 heures seulement, quelque 42 milliards de dollars de dépôts ont été retirés de la banque. Entre-temps, aucun nouveau capital n'a été trouvé et SVB a été reprise par le régulateur. Signature Bank semble avoir subi le même sort ce dimanche. La question qui se pose sur les marchés est de savoir quelles autres banques pourraient subir le même chemin.
Les risques de contamination semblent limités
Selon nous, le régulateur américain a frappé vite et fort. La mise en liquidation rapide de quelques petites banques de niche doublée de l’élargissement du système de garantie des dépôts de 250 000 dollars à tous les dépôts protège les épargnants ordinaires et les entreprises. Le risque de nouvelles ruées bancaires s’en trouve en outre limité étant donné que les épargnants ne doivent pas retirer leurs dépôts des banques en difficulté. Certaines entreprises technologiques qui auraient pu être mises en difficulté semblent ainsi épargnées. Contrairement à 2008, les grandes banques sont de surcroît beaucoup mieux réglementées et capitalisées, de sorte qu’elle disposent de réserves suffisantes, tant en termes de capital que de liquidités. Les grandes banques traditionnelles sont donc beaucoup plus solides que les petites banques de niche axées sur la croissance, comme SVB et Signature bank.
L'impact d'une forte hausse des taux sur le secteur, surtout aux États-Unis, est une évolution qu'il convient de surveiller. La courbe de taux inversée explique en effet partiellement pourquoi les choses ont mal tourné pour SVB, mais d'autres institutions financières se voient à leur tour confrontées à de lourdes pertes (papier).
Enfin, certains risques pour l'économie réelle semblent également s'être ajoutés ou sont en tout cas devenus plus visibles. Il apparaît ainsi clairement que le relèvement marqué des taux directeurs comporte des risques et que les conditions financières s’en trouvent durcies de différentes manières. Les entreprises technologiques auront plus de mal à trouver des crédits maintenant que disparaît SVB, l'un de leurs principaux prêteurs. D'autres banques pourraient également se montrer un peu plus strictes dans leur octroi de crédits. De même, la forte hausse des taux hypothécaires semble déjà peser de plus en plus sur le chiffre d’affaires des nouveaux crédits.
Selon nous, ces risques concernent surtout le secteur financier américain. En Europe, les taux d'intérêt restent plus bas et l'exposition à SVB, Signature ou à d'autres entreprises liées à la croissance est somme toute limitée. La pression exercée aujourd’hui sur les actions financières européennes ne nous semble donc pas justifiée.
La prudence reste de mise, mais pas de panique
Nous ne croyons pas à l’imminence d'une nouvelle crise financière. Le basculement en mode risk-off du marché nous semble donc excessif, même si il n'est pas totalement inattendu. Les marchés d'actions avaient fortement progressé ces derniers mois, surtout en Europe. Le moment était donc venu pour une correction, même si l'on se demandait ce qui pourrait la déclencher. Le sentiment risk-off pourrait encore persister quelques jours, même si, à première vue, les Bourses américaines semblent se stabiliser quelque peu. Les prévisions d’un nouveau relèvement éventuel limité - ou pas - de la Réserve fédérale la semaine prochaine pourrait également avoir un impact positif sur le sentiment de risque.
Pour l'instant, nous restons prudents à l’égard des marchés, avec une vision neutre et une légère sous-pondération des actions et un portefeuille d'actions assez défensif, au sein duquel nous maintenons une légère surpondération des banques européennes essentiellement.
Nous suivons l'évolution de près. Si vous souhaitez plus d'informations à propos de la Stratégie d'investissement KBC, votre private banker ou votre wealth manager vous aidera volontiers.
Cette nouvelle ne constitue ni une recommandation d'investissement ni un conseil.