Le monde en images: les Bourses européennes font des étincelles
C’est à peine croyable: l'Europe reste de loin le meilleur élève de la classe en 2025. Après un beau mois de janvier, il se disait déjà ici et là que Wall Street aurait tôt fait de reprendre la main. L’ère Trump II avait débuté et toutes les belles promesses allaient se concrétiser. L’heure était au "Make America Great Again": les États-Unis allaient retrouver leur grandeur. En Europe, quelques pays sont à la peine, se trouvent dans une impasse politique ou ont une économie en perte de vitesse. L'Allemagne, pour ne pas la nommer. Qui aurait pu imaginer que des pays comme l'Espagne, le Portugal ou la Grèce seraient un jour les meilleurs élèves de la classe? Non, les États-Unis allaient retrouver bien vite leur vitesse de croisière. Pourtant, après deux mois, le marché boursier européen poursuit tranquillement sa progression, alors qu’outre-Atlantique, l'engouement pour l'IA et, dans son sillage, l'ensemble du secteur IT accusent un coup de froid.
Quelle crise allemande? Le baromètre boursier DAX affiche un niveau record et a déjà progressé de 13,3% cette année (à fin février). L'indice large Eurostoxx 50 enregistre déjà une hausse de 11,6% par rapport au début de l’année. Le BEL 20 ferme le peloton européen avec une maigre progression de 3,7%, notre indice boursier reprenant ainsi sa place habituelle. Notre pays, à l'exception de quelques entreprises, pèse de moins en moins lourd sur les marchés d’actions internationaux et les investisseurs internationaux délaissent facilement les actions belges. Les tentatives de réanimation n'ont jusqu'à présent donné que peu ou pas de résultats. Jusqu'à la fin février, l’Europe en général a donc enregistré de beaux pourcentages, dont se satisferait volontiers l’investisseur, même à la fin de l'année.

Donald Trump avait sans doute imaginé les choses différemment – à qui la faute... – , mais cette année, l’investisseur en actions américaines n'a jusqu’ici guère eu l’occasion de se réjouir des performances de son portefeuille. Si le Dow Jones et l’indice large S&P 500 se maintiennent tout juste dans le vert, la technologie est particulièrement mise à mal. L'engouement pour l'IA a été fortement ébranlé par la révélation DeepSeek. Et les résultats de Nvidia, aussi bons soient-ils, n'y ont pas changé grand-chose. Lorsque le sentiment tourne, il est difficile d'inverser la tendance, quelle que soit la qualité des chiffres. Le franchissement d'un support technique (Nasdaq Comp.) n'est en tout cas pas de bon augure pour les mois à venir. Le canal latéral dans lequel l'indice technologique évoluait depuis la fin 2024 a en effet été franchi à la baisse.

Il ne se passe pas un jour sans que Donald Trump ne fasse la une. Si ce n'est pas la menace d’un relèvement des droits de douane ou d'une intervention militaire à la frontière mexicaine, c'est un affrontement diplomatique avec le président ukrainien. Peut-être le président américain ferait-il mieux de se soucier un peu plus de son économie, car la politique de l’Oncle Sam inquiète de plus en plus le marché. Jusqu'à il y a quelques jours, l’inquiétude portait surtout sur les risques haussiers pour l’inflation, mais elle semble à présent se déplacer vers les risques baissiers pour la croissance, à moins qu’elle ne les cumule. Les données économiques publiées aux États-Unis ces dernières semaines sont en effet assez faibles: PMI américains, indicateurs de confiance ISM, demandes d'allocations de chômage ... Il semble que le thème de la récession revienne sur la table. Les importantes taxes à l'importation qui sont au programme pour les semaines à venir n'arrangent bien évidemment pas les choses. Après le Mexique, le Canada et la Chine, l'Europe est à présent aussi dans le viseur de Donald Trump. Une économie qui tournait comme une horloge sous Joe Biden, et qui, sous la présidence de Donald Trump, glisse vers la récession et une inflation qui renchérit le panier de l'Américain moyen: un sérieux retour de bâton pour le Bureau ovale ...
Les prochains indicateurs économiques seront donc scrutés de près, tout comme un mot d’explication du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, sur sa vision de l'avenir économique et les implications sur la politique monétaire.
Il est impossible de prédire l’évolution de la situation ukrainienne. La tension entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky était palpable dans le Bureau ovale. Et cela, en direct à une heure de grande écoute! Le monde est sidéré. Les dirigeants européens ont exprimé leur soutien à l'Ukraine et tentent à présent de recoller les morceaux. Une proposition de paix européenne serait sur la table, mais il n'est pas certain que Vladimir Poutine lui donne une chance. Maintenant que les États-Unis suspendent provisoirement leur soutien militaire, l'impasse est totale.
Le spectre de l'inflation fait son retour, sans avoir jamais vraiment disparu
Dans la zone euro, l'inflation globale a atteint 2,4%, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie. L'inflation de base est restée stable à 2,7%. Nos économistes abaissent la prévision d'inflation pour 2025 de 2,6% à 2,5%, mais pour 2026, elle grimpe de 2,3% à 2,5%.
Aux États-Unis, l'inflation globale est passée en janvier de 2,9% à 3% et l'inflation de base de 3,2% à 3,3%. Les prévisions d’inflation des consommateurs atteignent de nouveaux sommets. Le déclenchement de la guerre commerciale va attiser l'inflation. Il reste à voir si l'électorat de Donald Trump va accepter de payer ses courses de plus en plus cher. Et si l'économie s'effondre ...
Et maintenant?
Nos économistes prévoient un choc de stagflation imputable à la guerre commerciale. Il est fort probable que l'inflation reparte à la hausse, surtout aux États-Unis. Dans nos contrées, la guerre commerciale pourrait freiner la reprise économique, ce qui conduirait la Banque centrale européenne à encore abaisser ses taux.

Fixed income: la volatilité persiste sur les marchés obligataires
En février, les marchés obligataires ont connu des fluctuations imputables aux menaces tarifaires d'une part et à la nervosité liée à l'inflation d'autre part.
La situation n'est toutefois pas la même en Europe et aux États-Unis. En Europe, après une détente en janvier, le taux allemand à 10 ans s’est raffermi en raison des prévisions d'augmentation des dépenses de défense et des incitants fiscaux.
Après une première baisse du taux directeur à court terme de 0,25% en janvier, la BCE devrait à nouveau le réduire de 0,25% début mars pour contrer l’atonie de la croissance économique et la menace d'une éventuelle guerre commerciale.
Outre-Atlantique, le taux américain à 10 ans est en revanche retombé de 4,60% à 4,20% en février. Les craintes de récession refont surface.
La Réserve fédérale est restée sur la touche en février et elle le restera probablement jusqu'à l'été. Il reste maintenant à voir comment elle réagira aux récentes craintes de récession et si elle peut/doit réduire son taux directeur plus tôt que prévu.
Le différentiel de crédit sur les obligations d'entreprises européennes investment grade "sûres" a continué à se réduire en février. Pour les mêmes obligations d'entreprises américaines "sûres", il se situe même à son point le plus bas depuis 10 ans.
Combien de temps le marché sera-t-il encore convaincu que la croissance économique reste saine?

En février, le dollar américain a quelque peu perdu le soutien des taux par rapport à l'euro en raison du découplage des politiques monétaires et s'est légèrement affaibli après la forte appréciation des cinq derniers mois.
La Bourse britannique a fait office de valeur refuge face à la guerre commerciale déclarée par Donald Trump et s’est renforcée de 9% en février. Cela a permis à la livre sterling de s’apprécier par rapport à l'euro.starievenoorlog van Trump en verstevigde 9% in februari. Daardoor kon het Britse pond verstevigen tegenover de euro.

Stratégie d'investissement KBC
Positionnement sectoriel dans la stratégie
Nous restons globalement sceptiques à l’égard des actions cycliques, mais à la lumière des récentes baisses de taux d’intérêt et de celles qui sont encore à prévoir, nous avons placé quelques accents. Si la prudence reste de mise à l’égard des entreprises industrielles, nous sommes aujourd’hui plus optimistes pour les matériaux, car ils pourront profiter de la baisse des taux d’intérêt qui ne manquera pas d’alimenter la demande de matériaux de construction. Nous sommes neutres à l’égard de la consommation discrétionnaire, alors que nous avons totalement réduit le secteur du luxe européen. Le secteur automobile ne nous séduit pas, mais il est dominé par Tesla, une valeur volatile sur laquelle nous avons un positionnement neutre.
Actions défensives: sur le plan sectoriel, nous privilégions les produits ménagers et d’hygiène personnelle (dans les biens de consommation de base) d’une part, et la santé d’autre part. Dans la santé, nous sommes positifs non seulement sur les entreprises pharmaceutiques traditionnelles, mais aussi sur les technologies médicales. Notre position à l’égard des services aux collectivités est neutre à l’heure actuelle. Nous sommes négatifs à l’égard de l'alimentation et des boissons maintenant que les résultats déçoivent quelque peu.
Dans l’ensemble, notre opinion du secteur des valeurs défensives au sens large est, compte tenu de la vigueur persistante de l’économie américaine – où le marché du travail et le secteur des services, en particulier, continuent à bien se porter –, devenue plus neutre.
Actions financières: nous sommes positifs sur le secteur financier. Et ce, qu’il s’agisse des compagnies d’assurances ou des banques. Les marges d’intérêts restent élevées, un effet que l’évolution attendue de la courbe des taux renforcera encore dans les mois qui viennent. Au sein du secteur, nous maintenons notre surpondération des banques américaines, des gestionnaires d'actifs et des prestataires de services de paiement.
Immobilier: après avoir traversé une période difficile, l’immobilier devrait pouvoir profiter de la baisse des taux. Les banques centrales semblent prêtes à réduire leurs taux directeurs lors de leurs prochaines réunions. Néanmoins, les taux d'intérêt à long terme restent assez élevés, ce qui pèse encore sur le coût du financement dans ce secteur essentiellement américain. En raison de l'accent américain dans le secteur, nous maintenons notre avis neutre.
Technologie: nous sommes positifs pour le secteur technologique. Nous restons optimistes en ce qui concerne les logiciels et les médias et prudents à l’égard du matériel informatique. Entre-temps, notre position dans les semi-conducteurs, que nous avions quelque peu réduite en janvier dans le cadre de la saga DeepSeek, a de nouveau été légèrement augmentée, avec Nvidia, qui a d'ailleurs enregistré d’excellents résultats.

Positionnement géographique dans la stratégie
Depuis la victoire de Donald Trump, nous maintenons quelques priorités géographiques marquées, largement inspirées par les choix politiques attendus de son administration. Son discours America first résonne haut et fort. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui optimistes, tant pour les grandes que pour les petites capitalisations américaines. Les réductions d'impôts annoncées devraient soutenir les résultats des entreprises américaines et la politique protectionniste (entre autres les droits de douane) devrait profiter aux producteurs locaux - que l'on retrouve principalement parmi les petites entreprises. Compte tenu des ventes et des résultats solides, combinés à une faible valorisation, nous relevons notre position dans les biens de consommation durables. Notre allocation dans la zone euro est donc neutre.

Une stratégie d'investissement sur mesure.
Que se passe-t-il à l'échelle mondiale? Et quelles sont les conséquences pour les marchés financiers? Dans la Stratégie d’investissement KBC, nous développons nos perspectives géographiques, sectorielles et thématiques.
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